Dissertation de Philosophie entièrement rédigée ayant pour sujet : "Peut-on se mentir à soi-même ?". Elle se base sur la philosophie de Freud, Sartre et Bergson à travers trois parties.
[...] (Introduction) Il semble a priori impossible de se mentir à soi - même : l'expression même, si on l'analyse un tant soit peu, apparaît paradoxale. En effet, pour qu'un mensonge ait lieu, il est nécessaire qu'il y ai deux personnes qui ne soient pas dans la même situation : celle qui, dans son discours, cache volontairement une vérité qu'elle connaît et celle qui est susceptible d'être trompée par un tel discours. Or, dans le cas qui nous intéresse il faudrait que ce soit la même personne qui adopte en même temps deux rôles diamétralement opposés ; ce qui semble clairement impossible. [...]
[...] Toutefois, peut-on vraiment parler ici d'un mensonge ? La notion de mensonge implique en effet la notion de tromperie, et non simplement l'idée d'une occultation. Autrement dit, mentir à quelqu'un c'est parler, c'est tenir à quelqu'un un discours volontairement faux pour l'amener à mal interpréter la réalité ; et ce n'est pas seulement s'abstenir d'évoque le pont que l'on veut cacher. Or, dans le cas du refoulement dans l'inconscient tel que Freud en fait l'hypothèse, le sentiment ou la pensée refoulés ont simplement disparu de la vie psychique consciente, ils ont été oubliés, ce qui ne signifie pas que notre conscience se les représente d'une façon erronée. [...]
[...] Si l'on se réfère ainsi au cas de Elizabeth von R., exposé par Freud dans les Études sur l'hystérie, il apparaît ainsi par exemple que cette jeune fille de vingt quatre ans est atteinte d'une névrose qui peut s'expliquer par un tel refoulement : étant tombée amoureuse du mari de sa sœur, elle n'a pas pu s'empêcher d'éprouver une forme de réjouissance à la mort de sa sœur ; sentiment qui est violemment entré en conflit avec son affection pour sa sœur ainsi qu'avec sa conscience morale, et qui a par conséquent été refoulé dans son inconscient. Elizabeth a ainsi totalement oublié ce qu'elle a vécu de si traumatisant, que ce soit la joie éprouvée à la mort de sa sœur ou même son amour pour son beau-frère. De ce point de vue, on peut donc dire qu'un tel individu se ment à lui-même, en ce sens précis que son inconscient cache une vérité à sa conscience. [...]
[...] Cependant, une telle analyse n'exclut pas la possibilité que certaines pensées (ou certains sentiments) que nous avons eu, mais qui peuvent difficilement prendre place dans la continuité de notre vie mentale consciente, soient oubliées totalement et restent donc inaccessibles à notre conscience. Si l'on envisage alors l'existence d'un inconscient psychique, tel que le conçoit Freud, ne peut-on pas reposer le problème de la possibilité d'un mensonge à soi-même ? L'hypothèse d'un inconscient psychique ne permet - il pas de réintroduire dans l'esprit humain une forme de dualité, condition même du mensonge ? [...]
[...] Selon Sartre dans l'Être et le néant, l'homme est ainsi constamment tenté par le mensonge à soi-même et, en même temps, dans l'incapacité de faire aboutir définitivement une telle attitude. En effet, possédant libre arbitre qui le rend entièrement responsable de ses comportements, et donc de son essence (c'est-à-dire de son identité personnelle), l'être humain est constamment tenté de se décharger du poids de cette responsabilité par une forme de mensonge à soi-même que Sartre nomme la mauvaise foi L'homme de mauvaise foi joue en fait avec les deux types de conscience qu'il possède : à un niveau de conscience qui n'est pas réfléchi (la conscience spontanée), il s'arrange pour contrôler son attention et pour ne pas réfléchir sur sa propre vie mentale (de manière à ne pas constater de l'intérieur son propre libre arbitre). [...]
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