La première aventure, pour les philosophes, c'est de devenir autonome et maître de soi. C'est autour de cet objectif qu'ils se sont d'abord rassemblés. Se gouverner soi-même, être indépendant, ne pas voir son humeur dépendre des circonstances extérieures, des hasards de la vie ou de la fluctuation des désirs, voilà l'un des plus anciens rêves des philosophes.
Comment mener une existence heureuse ? Tout le monde désire être heureux, certes. Mais va-t-on y parvenir en recherchant toujours de nouveaux plaisirs ou en limitant ses désirs ? En multipliant les jouissances ou en s'efforçant de demeurer constamment serein ? Qu'est-ce que la vie bonne ? Quels moyens avons-nous de la connaître ? De la pratiquer ?
Durant un très long moment de son histoire, en effet, la philosophie a eu pour premier objectif, et presque pour seule préoccupation, de définir le bonheur, de trouver les moyens d'y accéder et de suivre méthodiquement ces voies d'accès.
[...] Pour que les philosophes apparaissent, il faut donc que la sagesse ait été perdue, qu'on se sente privé de sa présence. Ils tentent d'y parvenir, mais ils savent en même temps que le sage est presque devenu inaccessible. Cela veut-il dire que le sage est au-dessus des êtres humains? En un sens oui, mais ce dépassement de l'humain est paradoxal. La sagesse peut en effet rendre l'homme semblable aux dieux», comme le disait le philosophe Epicure. Il voulait dire que la sagesse rend l'esprit des hommes stable et serein, comme l'est l'esprit des dieux. [...]
[...] Ce serait plutôt une question de posture, d'attitude, d'adaptation sans réflexion préalable et sans hésitation. Il ne s'agit pas, en effet, de construire quoi que ce soit. Pas même une sagesse. La perspective habituelle pourrait être renversée : la sagesse est déjà là, seuls nos craintes et nos attachements illusoires en barrent l'accès. Comme si l'on était né en sachant déjà jouer du violon, et que l'on devait faire de grands efforts afin de se débarrasser de nos habitudes qui nous empêchent de faire preuve de cette virtuosité. [...]
[...] L'individu entièrement réalisé va se fondre dans un environnement cosmique. Entre le soi impersonnel de la grande conscience cosmique –l'absolu- et ce que nous croyons être nous il n'existe, du point de vue de l'Inde, aucune véritable différence ni aucune délimitation. Le moi comme illusion Ce que nous appelons l'ego, le moi se révèle illusoire. Ce n'est qu'une fausse frontière. Encore une fois, l'idée n'est pas celle d'une ouverture de l'ego ou d'une découverte de son caractère illimité, mais d'une prise de conscience radicale de son caractère illusoire. [...]
[...] Il n'existe, selon Epicure, pas d'autre bien suprême. Rien que le corps en paix, et la force d'âme. En première apparence, une philosophie élémentaire. Elle s'adresse aux femmes, aux prostituées, aux esclaves, aussi bien qu'à tout autre. Mais elle exige une sorte d'héroïsme sans bruit, quand il s'agit de combattre par le souvenir des plaisirs passés, les détraquements de l'âge et les douleurs qui tordent le corps. Dans ce jardin que constitue le monde, Epicure affirme qu'il existe des Dieux. [...]
[...] En multipliant les jouissances ou en s'efforçant de demeurer constamment serein ? Qu'est-ce que la vie bonne? Quels moyens avons-nous de la connaître? De la pratiquer ? Durant un très long moment de son histoire, en effet, la philosophie a eu pour premier objectif, et presque pour seule préoccupation, de définir le bonheur, de trouver les moyens d'y accéder et de suivre méthodiquement ces voies d'accès. Etre philosophe, c'était d'abord et avant tout s'efforcer de modifier son rapport à soi-même, aux autres, à l'existence. [...]
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