L'idée de progrès implique qu'un changement au cours du temps, une évolution, est marqué par une amélioration. Le progrès porte l'idée que l'évolution va vers un mieux. Mais en quoi consiste une telle amélioration dans les sciences ?
Si l'on définit très succinctement et dans sa plus grande généralité qu'une science est une discipline cherchant à acquérir des connaissances vraies, c'est à dire objectives sur la réalité, (en particulier décrivant dans une suite de symboles la réalité, constituant un tableau symbolique du réel, des objets et des relations qu'entretiennent les objets qui constituent cette réalité, la science constituant une représentation du monde), alors on peut concevoir le progrès en science comme une amélioration de la connaissance de cette réalité par une élaboration de théories plus objectives et plus complètes que les précédentes, c'est à dire décrivant plus précisément et plus complètement la réalité. On peut alors se demander comment s'effectue ce progrès ? Doit-on considérer qu'il consiste en une simple augmentation de la somme des connaissances vraies ou objectives possédées par une science sur son objet d'étude au cours du temps ?
Cette vision du progrès en histoire des sciences n'est-elle pas un peu naïve ? La science progresse-t-elle vraiment par simple accumulation de connaissances ? L'histoire des sciences n'est-elle pas aussi marquée de brusques ruptures et des remises en causes radicales rendant obsolètes tout un pan précédent du savoir ? Mais alors, si le critère du progrès ne peut plus être l'accumulation des connaissances selon un axe temporel linéaire, parce que les nouvelles théories élaborées ne s'additionnent pas aux précédentes mais les annulent et les remplacent, quel sens cela a-t-il de parler encore de progrès ? Si le progrès en science ne consiste pas en l'accumulation de connaissances au cours du temps, mais en ruptures et en ré-élaborations de théories radicalement différentes des anciennes, quel sens cela a-t-il encore de parler de progression, c'est à dire d'améliorations au cours du temps ? Peut-on maintenir l'idée de progrès en science ? Et si c'est le cas, si le critère du progrès n'est plus l'accumulation de connaissances, quel sera-t-il ? (...)
[...] Pascal a refait les expériences avec du mercure, en bas et en haut du Puy de Dôme en septembre 1648. Or, en haut et en bas de la montagne la partie vide n'est pas identique. Au pied de la montagne elle est moins importante et en altitude elle est plus importante. Pourquoi ? Parce que la pression atmosphérique varie, elle est moins forte en altitude. Qu'est-ce que cela prouve ? Tout simplement que la nature n'a absolument pas horreur du vide, et que la suspension d'une partie du liquide dans le tube est due à la pression atmosphérique. [...]
[...] En effet, sur cette question : y a-t-il du vide dans la nature ? Pascal ne se contente pas d'apporter de nouvelles connaissances, il prend le contre-pied et réfute un énoncé qui était tenu pour une vérité indépassable jusque là. Cet énoncé est le suivant : "la nature a horreur du vide" qui signifie qu'il n'y a pas de vide dans la nature, mais que le monde est plein. L'affirmation que la nature a horreur du vide, considérée comme une vérité au Moyen-Age, vient du livre IV de la Physique d'Aristote. [...]
[...] On voit soit un canard, soit un lapin. Mais on ne peut pas voir les deux en même temps Cependant, Kuhn offre une vision si discontinuiste du progrès scientifique, celui-ci est si constitué de réaménagements radicaux, que la notion de progrès s'efface. En effet, s'il y a "incommensurabilité" des paradigmes les uns à l'égard des autres, comment évaluer le progrès ? Il doit bien y avoir un critère dans la mesure où il faut expliquer pourquoi à un moment donné les scientifiques optent pour un paradigme plutôt que pour un autre. [...]
[...] Une conception du progrès qui n'est pas valable en physique. En revanche, ce qui était vrai pour les mathématiques ne l'est en rien pour la physique. Et il est d'autant plus étonnant que Pascal présente une version cumulative et linéaire de l'histoire des sciences, comparant l'humanité à un seul homme apprenant sans cesse, dans un texte qui constituait un projet de préface pour un traité portant sur une question de physique très controversée à l'époque : la question du vide. [...]
[...] Que signifie cette expression ? Dire que deux paradigmes sont incommensurables signifie qu'ils sont si différents qu'ils ne peuvent recevoir de commune mesure. Prenons l'exemple d'un concept, celui de mouvement dans les paradigmes aristotéliciens et newtoniens. Sous le concept de mouvement, Aristote compte aussi bien les changements de position, les évolutions biologiques comme la transformation d'une chenille en un papillon, le passage de la maladie à la santé. Or l'adhérent au paradigme newtonien ne reconnaît dans ces trois phénomènes qu'un seul mouvement à proprement parler, le changement de position. [...]
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