Ce sujet nous pose le problème essentiel des relations entre la "Science" au sens large du terme (ensemble de connaissances, d'études, vérifiables par l'expérience, l'observation et le calcul.. : technologiques, PT, biologiques, humaines...) et la "Vérité" (ce qui désigne un résultat, caractérise un énoncé, mais est également un processus et une méthode qui, pour être vrais, doivent être cohérents). Les deux apparaissent d'emblée comme étant caractérisés par une certaine universalité.
Fondamentalement, il est de la nature de l'homme de rechercher la Vérité, car celle-ci conduit au bonheur pour Platon, nul ne souhaitant son propre malheur : "Gorgias". La problématique appelle ainsi à donner un objectif, un sens aux Sciences : celui de la recherche de Vérité, elle en est son principal objet, sa finalité. On peut alors se demander :
Comment les Sciences sont-elles au service de la Vérité ? Ne possèdent-elles pas des limites, qui leur sont propres, dans leur appréhension de ce qui est véridique ? Enfin, si les Sciences croient en leur caractère universel, sont-elles le vecteur unique de la Vérité ?
[...] C'est donc une illusion qui semble être la condition de la vérité . D'ailleurs, les sciences ne conduisent pas toujours à la réalité, à un savoir véridique, mais peuvent aussi véhiculer des erreurs, des mensonges. Et une théorie fausse, pleine d'erreurs, peut nous séduire plus qu'une théorie rigoureuse et avérée. En effet, croire est toujours plaisant et réconfortant, plus que d'utiliser son entendement après réflexion afin de pouvoir donner son assentiment. Pascal, dans "L'esprit géométrique", nous confiant que l'homme croit qu'une chose est vraie non par la preuve, mais par l'agrément (le plaisir). [...]
[...] Les vérités scientifiques sont alors des savoirs en révolution, constamment remis en doute. Les sciences sont aussi locales, car elles entendent expliquer des parties des choses seulement, pas tout, comme c'est le cas pour les mythes ou les croyances, et apparaissent du coup comme moins rassurante et plus troublante. Le scientifique est donc celui qui cherche des vérités en "fragmentant" le monde, en cassant les idées reçues. On remarque l'utilisation ici de Vérités au pluriel, car la Vérité scientifique n'existe pas, tout comme la Science n'existe pas, il existe DES sciences spécialisées (biologie, économie, philosophie . [...]
[...] L'interprétation scientifique donne ainsi le moyen d'appréhender des objets réels. La valeur de la vérité de toute proposition est alors une propriété en soi, absolue. Dans "Discours de la méthode", les critères de la vérité sont pour Descartes la clarté (une idée, ou représentation, claire est manifeste à un esprit attentif) et la distinction (une idée ne peut être confondue avec une autre), et coïncide ainsi avec le concept de Science. Mais se contenter d'observer les faits, les objets, sans chercher à les explorer, à les interpréter, suffit-il à la science pour atteindre la vérité ? [...]
[...] Par ailleurs, les sciences ne peuvent prétendre être le seul, et le meilleur, moyen pour atteindre des vérités. Pascal, dans ses "Pensées", humilie la raison, et donc les sciences qui en découlent. Selon lui, il y a des choses inexplicables, qui se "sentent" et ne peuvent être démontrées de façon rationnelle. Les sciences sont soumises à un domaine qui les dépasse : celui du Religieux, du Sacré. Le domaine des sciences est limité, et a tort de vouloir juger de tout, ce que l'homme oublie souvent d'après Pascal, dans la "Préface au Traité du Vide". [...]
[...] Il y a obstacle épistémologique lorsque la pensée des scientifiques vient gauchir, déformer les interprétations, les calculs, ce à cause d'effets externes (insuffisance de l'intelligence, faiblesse des sens humains par exemple) ou internes à la science (sorte d'effet de structure qui paradoxalement va freiner l'avancée des sciences). Ainsi, les principaux obstacles à la science trouvent leur origine dans la science elle-même. Ce sont des obstacles liés à la psychologie du scientifique. Pour Bachelard, il faut donc remettre en cause ces obstacles, prendre conscience de leur importance, pour pouvoir les dépasser, et pour pouvoir accéder à un savoir véritablement objectif, qui est le tremplin vers la vérité. [...]
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