Partant de notes multiples, prises, selon son habitude de journaliste, “in situ”, Zola décrit avec beaucoup de précision la condition du travailleur de la fin du XIXe siècle au point que ces romans sont utilisés pour ainsi dire comme des témoignages par les historiens. La littérature, pour accéder à une vérité, se forge à partir d'un travail de collecte de sources, de renseignements apparentée à la démarche scientifique, comme s'il allait de soi que par la science, on peut trouver la vérité.
Or, rien de moins sûr. En effet, la science s'est élaborée pour contrer un certain discours qui prétendait lui-même à la vérité : mythique, religieux. Dès lors, ce n'est pas le tout de la vérité qui est la finalité de la science, mais une vérité d'un autre ordre. Or, en défendant un accès aux seules vérités phénoménales, la science peut-elle prétendre au vrai ? En se fondant souvent sur un scepticisme, développant un retour critique sur
elle-même, ne manifeste-t-elle pas seulement sa méfiance à l'égard des dogmatismes dont elle cherche à se distinguer ?
Si la science fait un constant effort d'objectivation, puisqu'elle est le fait d'un sujet qui cherche à connaître ce qu'est, en vérité, un objet, sa capacité à produire un discours parfaitement en accord avec le réel n'en est pas moins contestable. Raison pour laquelle il faudrait mesurer
prudemment ce que la science peut ou ne peut connaître du réel.
[...] Science et vérité Science et vérité. Zola, dans le cercle du Médan qu'il forme avec Daudet et Maupassant, essaie d'ôter à la littérature sa dimension strictement fictionnelle, fantaisiste. Pour ce naturaliste influencé par les thèses positivistes, on peut concevoir qu'un roman parte de la réalité telle qu'on l'observe lorsqu'on est quelque peu attentif, et donc qu'il prétende à une certaine forme de vérité, la vérité se définissant comme ce discours qui décrit fidèlement ce qui est. Partant de notes multiples, prises, selon son habitude de journaliste, Zola décrit avec beaucoup de précision la condition du travailleur de la fin du XIX° s au point que ces romans sont utilisés pour ainsi dire comme des témoignages par les historiens. [...]
[...] Au XVII°, les sciences de la nature, pensées comme lecture d'un livre ouvert (comme la Bible) sont encore appelées “interprétations de la nature” par Galilée, Spinoza . Par la suite elles se voulurent plus résolument explicatives. A la fin du l'interprétation réapparaît, cette fois revendiquée comme l'attitude spécifique des sciences de l'homme qui prennent leur autonomie par rapport aux sciences de la nature. On estime que les phénomènes naturels sont à expliquer alors que les actions humaines sont à comprendre. La notion d'interprétation renvoie à la recherche d'un sens : on doit interpréter un fait lorsque son sens n'est pas donné d'emblée. [...]
[...] Aussi est-il nécessaire que la science garde cette exigence d'objectivité première pour prétendre à la vérité. L'erreur est assimilée à une intrusion de la subjectivité dans le travail du scientifique, lequel, à partir de là, ne mériterait plus tout à fait son titre. C'est d'ailleurs dans ce sens qu'il faut concevoir la rupture entre le mythe, encore emprunt de subjectivité (dans ses explications anthropomorphiques) et la science qui a su, par ses pratiques méthodiques, s'efforcer de lutter contre tout préjugé ou précipitation dans le jugement. [...]
[...] Si la science fait un constant effort d'objectivation, puisqu'elle est le fait d'un sujet qui cherche à connaître ce qu'est, en vérité, un objet, sa capacité à produire un discours parfaitement en accord avec le réel n'en est pas moins contestable. Raison pour laquelle il faudrait mesurer prudemment ce que la science peut ou ne peut connaître du réel. La science confronte un sujet connaissant à un objet à connaître. L'adéquation de l'esprit du premier à cette chose peut être considérée comme une découverte de la vérité de la chose. Pour connaître, le sujet doit d'une manière ou d'une autre entrer en relation avec l'objet. [...]
[...] Les lois sont l'expression fidèle du réel, elles expriment ce réel d'une manière complète et imperfectible. Or, le déplacement des limites du champ d'expérimentation ainsi que le perfectionnement des instruments de mesure et d'observation entament considérablement l'idée que l'on se faisait de l'exactitude des énoncés scientifiques et de la vérification de ces énoncés. Les lois tendent à devenir de moins en moins satisfaisantes quand s'accroît le domaine de variation des grandeurs qui entrent dans la loi. On comprend alors que les lois physiques ne sont valables que dans certaines limites, qu'elles ne sont jamais absolument vraies, mais seulement approchent la vérité, ce qu'Einstein et Infeld suggèrent dans L'Evolution des idées en physique, soulignant l'incapacité des physiciens à produire autre chose qu'une image plus ou moins adéquate du mécanisme du monde, explicative des phénomènes, simple, englobante . [...]
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