De l'œuvre de Newton, on connaît surtout l'aspect scientifique; pour ce qui est de l'aspect théologique et alchimique, rien ne parut (sinon une chronologie épurée), les manuscrits y ayant trait étant soigneusement conservés dans une malle scellée. Et quand les documents qu'elle contenait furent mis aux enchères, et récupérés par Keynes, celui-ci déclara qu'il voyait en Newton 'le dernier des magiciens'. Pour nous, rien n'est plus contradictoire : comment Newton peut être à la fois l'instigateur de la science moderne, et le dernier des magiciens, tout imprégné de mystère, religieux ou alchimique ?
[...] Il s'agit toujours de combattre la fantaisie. 5. Reconnaître comme le sens principal de toute partie de l'Ecriture celui qui résulte de la manière la plus libre et la plus naturelle de l'usage et des convenances du langage et de la teneur du contexte dans ce passage Le message de l'Ecriture est cohérent, un sens nouveau n'apparaît pas inopinément et sans raison : tout se tient, tout s'enchaîne selon un ordre strict et cohérent. Ceci limite l'incertitude, qui, laissée libre entraîne la déformation de l'Ecriture, et donc l'hérésie. [...]
[...] Car ce qu'ils ont d'inextricable est aussi une preuve du génie d'Isaac Newton. Evangelista Vilanova, Histoire des théologies chrétiennes t.I, Cerf [2]Zafiropulo et Monod, Sensorium Dei dans l'hermétisme et la science, Belles-Lettres citation de Newton : Il me semble totalement absurde que la gravité puisse être innée, inhérente et essentielle à la matière, afin qu'un corps puisse agir sur un autre à distance à travers le vide, et cela sans qu'intervienne quoi que ce soit d'autre par lequel leurs actions et forces mutuelles puissent être transportées de l'un à l'autre. [...]
[...] Ainsi, les lignes de démarcation des influences de l'une des activités sur l'autre sont floues : on s'attendait à ce que les Regulae précèdent les règles d'interprétation des prophéties, c'est en réalité l'inverse ; de plus, l'ajout tardif de ces Regulae implique qu'elles n'aient pas été à l'œuvre dans les Principia, ni dans aucune des démarches scientifiques de Newton. Elles n'auraient été formulées que dans un souci de rallier la science newtonienne à la philosophie empirique de Locke ; mais alors, à quoi bon les considérer ? Ceci ne remet-il pas en cause notre hypothèse ? Là où la science devait guider la théologie, c'est la formulation d'une méthode théologique qui précède celle d'une démarche scientifique. Que peut-on induire de ces considérations ? [...]
[...] écarter toute interprétation qui n'aurait de sens que par rapport à notre imagination personnelle. 2. N'assigner qu'une signification unique à un passage donné de l'Ecriture. Là encore, on prévient de la fantaisie extravagante et incontrôlable qui frise l'enthousiasme 3. Rester aussi près que possible du même sens des mots, en particulier s'agissant de la même vision, et préférer les interprétations qui respectent le mieux cette règle, sauf si une circonstance requiert à l'évidence une signification différente. Ceci garantit la cohérence et l'harmonie de l'interprétation, selon les termes mêmes de Newton. [...]
[...] Les explications théologiques jouent donc là où seule la spéculation vaut. C'est un dernier recours, et dont le statut d'hypothèses n'est nullement dissimulé. Du coup, l'évocation du Sensorium Dei a quelque chose de réducteur : d'abord, c'est passer sous silence tous les travaux théologiques de Newton, et ainsi nous laisser croire que cela n'était qu'une occupation occasionnelle d'un Newton fantasque. En revanche, là où cet exemple est bénéfique, c'est qu'il met le doigt sur l'incertitude de la théologie : elle est le domaine des interprétations d'une vérité déjà révélée. [...]
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