« Comment n'aurais-je pas la science des choses dont j'ai la sensation ? » demande Socrate à Théétète, dans le dialogue de Platon dont ce jeune mathématicien est le personnage éponyme. Allant a priori de soi, la question s'avère en fait plus complexe qu'elle n'y paraît. S'interrogeant sur ce que peut être le concept de science, les deux hommes en viennent à mettre des définitions successives - et toujours réfutées - de celle-ci, à tenter de cerner les critères à partir desquels la connaissance, le savoir par excellence, pourrait s'élaborer. Si dans le monde contemporain, les sciences expérimentales se fondent naturellement en grande partie sur l'expérience, la manipulation du monde sensible, sans doute la relation entre sens et science n'est-elle pas aussi évidente, si l'on entend par science le mode de connaissance suprême, dans une conception au demeurant idéaliste (celle de Platon notamment). Aussi convient-il de se pencher plus avant sur le rôle, la place, la fonction que peuvent jouer les sens, la perception sensorielle, dans la quête du savoir. Faut-il en effet voir dans la sensation une base, un point de départ ou encore un « tremplin » pour atteindre une certaine science ? Doit-on d'ailleurs se contenter du savoir éventuel qu'elle nous apporte, ou au contraire doit-on chercher à prendre ses distances avec elles, voire même à s'en écarter résolument ? Quelle est la part des sens dans la science ? (...)
[...] Faut-il en effet voir dans la sensation une base, un point de départ ou encore un tremplin pour atteindre une certaine science ? Doit-on d'ailleurs se contenter du savoir éventuel qu'elle nous apporte, ou au contraire doit-on chercher à prendre ses distances avec elles, voire même à s'en écarter résolument ? Quelle est la part des sens dans la science ? Si le rôle des sens peut, dans une certaine perspective, s'avérer tout à fait crucial, il semble pourtant qu'il soit largement insuffisant et qu'il doive être (au moins) accompagné de jugement. [...]
[...] La part des sens dans la science doit donc être réduite. Cependant, à y regarder de plus près, on constate qu'interrogé sur ce qu'est la science, Protagoras n'aurait pas donc déclaré que c'est la sensation, que l'acte ou plutôt la puissance d'opérer un changement ; le savant est dès lors celui qui fait paraître et donc être –plus agréable ce qui est pénible à l'origine, celui qui inverse les valeurs dans le sens de la vie ; si tout est vrai, si tout est d'une certaine manière science, tout ne se vaut pourtant pas ; ce faisant, la science bascule dans le pragmatisme et une hiérarchie évaluative des sensations est mise en place. [...]
[...] Dissertation de philosophie Quelle est la part des sens dans la science ? Les références données renvoient à l'édition du Théétète de Platon, GF Flammarion, traduction de Michel Narcy. INTRODUCTION Comment n'aurais-je pas la science des choses dont j'ai la sensation ? demande Socrate à Théétète, dans le dialogue de Platon dont ce jeune mathématicien est le personnage éponyme. Allant a priori de soi, la question s'avère en fait plus complexe qu'elle n'y paraît. S'interrogeant sur ce que peut être le concept de science, les deux hommes en viennent à mettre des définitions successives et toujours réfutées de celle-ci, à tenter de cerner les critères à partir desquels la connaissance, le savoir par excellence, pourrait s'élaborer. [...]
[...] Ainsi Socrate réfute-t-il sanas difficulté la théorie protagoréenne qui octroie la part belle aux sens dans la science. Tout d'abord, il jette à bas cette conception relativiste et empiriste en pointant du doigt le rôle de la mémoire, du souvenir. De fait, un problème majeur se pose si l'on considère que la science est la sensation, et donc que, par exemple, voir, c'est savoir : lorsque l'on ferme un œil, on ne voit plus, ce qui pourtant ne nous empêche nullement d''avoir toujours la chose à l'esprit, de la savoir ; le contraire serait monstrueux 185). [...]
[...] Ainsi les sensations n'auraient rien à voir avec la science et se situeraient en fait en-deçà du vrai et du faux, de la science et de la non-science, puisqu'elles n'entreraient même pas en contact avec la réalité et la vérité. C'est donc grâce aux jugements émis par l'âme que l'on pourrait accéder à l'être, à la science véritable : il convient par conséquent de ne pas chercher la science dans la sensation, mais sous le nom, quel qu'il soit, que porte l'âme quand, ne faisant appel qu'à elle-même, elle a affaire elle-même aux réalités 235). Comme on peut le constater, ceci revient à reléguer la part des sens dans un rôle tout à fait mineur dans la science. [...]
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