La science rend-elle la philosophie inutile ?

Thèmes abordés

Épicure, Comte, mythologie grecque, psychanalyse, philosophie, Kant, Guéroult, valeur morale, éthique, science, François Jacob, Calliclès, Gorgias de Platon

Résumé du document

Dans le Gorgias de Platon, Calliclès dit de la philosophie qu'elle est inutile à l'âge adulte. Elle est inutile pour l'homme mûr selon lui, car l'homme doit être présent au coeur de la cité et dans les assemblées, ce que le philosophe ne fait pas, puisqu'il passe sa vie en retrait. Mais ce retrait n'est déjà pas vrai pour tous les philosophes de l'époque de Calliclès, et encore moins actuellement. Que dire sinon des oeuvres de Platon âgé ?

Extraits

[...] Que m'est-il permis d'espérer ? Qu'est-ce que l'homme ? Ce qui se différencie de celles des sciences qui ne poseront pas celles-ci, mais d'autres, plus utilitaires, par exemple : comment fonctionne le cerveau ? Peut-on améliorer ses performances ? Qui plus est, la science plutôt que de rendre inutile la philosophie, n'est-elle pas justement une des choses qui lui donnent le plus de travail ? Ne lui apporte-t-elle pas de nouvelles tâches et objets de réflexions ? III. Science et philosophie sont-elles complémentaires ? [...]

[...] Pour autant, est-ce évincer ou encore rendre vain la philosophie, que d'établir des vérités scientifiques ? En effet, si toutes deux cherchent des vérités, des réponses pouvons-nous dire, cherchent-elles les mêmes vérités, et se posent-elles les mêmes questions ? En cela, nous pouvons nous demander : est-ce que la science rend la philosophie inutile, ou science et philosophie ne sont-elles pas plutôt deux disciplines complémentaires ? Dans un premier temps, nous nous demanderons comment la pensée que la science pourrait rendre la philosophie inutile est possible, puis dans un deuxième temps nous nous questionnerons sur leurs distinctions dans le sens où elles ne se posent pas les mêmes questions, et enfin, dans un troisième temps, nous nous demanderons si, en plus de ne pas rendre la philosophie inutile, la science ne lui donnerait pas encore plus du travail, en ce sens, ne serait-elles pas plutôt complémentaires ? [...]

[...] Ce qui introduit une différence profonde entre le modèle et la situation. De ce fait, la science semble apparaître comme permettant d'éliminer certaines positions philosophiques devenues insoutenables, mais rend-elle pour autant vaine toute réflexion philosophique ? II. Science, philosophie et leurs distinctions La science et la philosophie ne cherchent pas les mêmes vérités, car elles ne se posent pas les mêmes questions, il est donc normal qu'elles ne donnent pas les mêmes réponses. Ce serait réducteur que de comprendre la philosophie comme un prélude bancal, que la science viendrait évincer avec son approche expérimentale. [...]

[...] Elle n'a pas une fin utilitaire d'ordre physique comme la science qui voudrait par exemple nous faire nous déplacer toujours plus vite, comme ce fut le cas pour l'invention du vélo, de la voiture, du TGV, de l'avion ou encore d'améliorer nos moyens de communication par l'invention de câbles électriques, de réseaux d'ondes comme le Wi-Fi, de portables et d'ordinateurs, etc. Mais elle peut avoir des fins morales comme le fait l'impératif catégorique chez Kant. De plus, pour Descartes, dans sa préface aux principes de la philosophie, vivre sans philosopher reviendrait à vivre sans ouvrir les yeux. En effet, pour Descartes, la philosophie s'étend à tout ce que l'esprit humain peut savoir, or, est-ce le cas de la science ? [...]

[...] N'est-ce pas se prendre pour supérieur à ce que l'on est que de jouer avec la vie de la sorte ? Même le clonage thérapeutique qui consisterait à soigner les maladies avant la naissance porte à débat : ne serait-ce point exploiter des vies que de procédé à cela ? Cela n'engendrerait-il pas des trafics parallèles ? Par exemple des commerces de clones, qui pourraient aussi engendrer des usurpations d'identités, etc. Enfin, cela ne laisserait-il pas aussi la porte ouverte à une désensibilisation de l'homme envers la douleur d'autrui ? [...]