Système cartésien, Spinoza, Pascal, religion, rationalisme, fidéisme, philosophie, métaphysique, Dieu, aristotélisme, science, foi, désoeuvrement, subsistance, pari de Pascal
Pascal, comme Spinoza, est un critique fameux du système cartésien. Mais contrairement à Spinoza qui radicalise le rationalisme cartésien au point d'aboutir au rejet des dogmes les plus fondamentaux de la religion chrétienne, Pascal s'attaque à ce rationalisme même, ce qui lui permet de justifier indirectement une forme de fidéisme beaucoup plus favorable aux idées religieuses traditionnelles.
Il y a pour la raison, dans les sciences elles-mêmes, de l'incompréhensible : la notion d'infini est le meilleur exemple ("L'esprit géométrique"). On est rationnellement conduit à admettre cette notion comme valable, même si foncièrement, on ne peut la comprendre. Plus précisément, l'infini est concevable lorsque l'on le pense comme une opération, mais inconcevable lorsque l'on le pense comme un objet (un nombre à part entière).
[...] L'idée de Pascal, c'est qu'elles rendent globalement malheureux. Pascal, en psychologue/sociologue avant l'heure (motivé cependant par des objectifs apologétiques, et c'est ce qui pose problème quant à son objectivité) s'intéresse avant tout aux activités de la fraction aisée de la société de son temps une noblesse qui n'a pas à travailler pour vivre, guettée par le désœuvrement. En contexte, pour cette classe sociale, l'opposition actuelle entre (activité professionnelle de subsistance, souvent vécue sur le mode de la pénibilité) et (activité volontaire de délassement, vécue sur le mode du plaisir) ne va donc pas de soi : les nobles choisissent délibérément de s'engager dans des activités plus ou moins pénibles/plaisantes, plus ou moins dangereuses/inoffensives (la guerre, la chasse, les jeux de hasard, la conversation, la danse mais dont le solde global est selon Pascal largement négatif (plus de peine que de plaisir). [...]
[...] En bref, si la raison ne peut prouver absolument le bien-fondé de la foi, elle peut aider indirectement à la trouver. C'est le fameux Pari de Pascal, qui se présente comme un calcul probabiliste des gains et des pertes à un jeu de hasard où la mise est la vie, et l'enjeu le paradis. Descartes proposait une preuve « mathématique » de l'existence de Dieu. Pascal la récuse, mais propose en lieu et place une preuve « mathématique » de la supériorité du mode de vie religieux, nonobstant l'irréductible incertitude affectant les idées religieuses. [...]
[...] Le véritable but du jeu, ce n'est pas d'arriver au but, mais de prendre le départ et de courir le plus longtemps possible. Le malheur le plus grand, c'est ainsi de ne plus avoir de but dans la vie, ne plus arriver à s'en donner, non pas tant parce qu'atteindre ces buts rend heureux que parce que l'inactivité est le pire des maux. Et on n'est inactif que quand on n'a pas de but à atteindre. Si pénible que soit l'activité, elle vaut donc mieux que l'inactivité. [...]
[...] Certains catholiques considèrent que le prosélytisme fait partie de la piété (il faut rapatrier les « brebis égarées »), d'autres qu'il s'agit d'une forme de harcèlement moral, et qu'il faut laisser les hommes venir à Dieu d'eux- mêmes. De ce point de vue, la démarche même de Pascal est tout aussi susceptible d'être pieuse que d'être impie. Sa rationalité est contestable, sa piété l'est tout autant. Raison de plus de n'y pas céder. [...]
[...] Il y avait là un cercle logique. Mais si on le rompt, comme il se doit, la raison se retrouve sans assise : rien ne peut prouver Dieu absolument, et rien ne peut garantir absolument que les premières évidences de la raison (les axiomes mathématiques, les notions d'espace, de temps, de cause en physique), sur laquelle elle édifie toutes ses autres connaissances sont des fondements fiables. Cela n'implique pas de sombrer dans le scepticisme radical (les sciences mathématiques et le mécanisme sont plus satisfaisants que l'aristotélisme, par mais de considérer les sciences comme irréductiblement hypothétiques, et d'autant plus lorsqu'elles s'éloignent de la région de l'expérience qui est celle de l'homme. [...]
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