Science, nature du vivant, organisme, biologie, vitalisme, mécanisme, Claude Bernard, Charles Darwin, Emmanuel Kant, finalisme, René Descartes, physique, objet technique, matière
Est vivant ce qui est distingué, traditionnellement, de la matière inerte parce qu'on attribue son animation à un principe spirituel. La science de l'être vivant s'est constituée en rompant radicalement avec cette représentation irrationnelle : l'organisme devient un ensemble de mécanismes matériels expérimentables fonctionnant selon des lois physico-chimiques. Mais la science réduit-elle alors la nature du vivant ?
[...] La biologie établit donc les lois propres au vivant : La pensée du vivant doit tenir du vivant l'idée du vivant , dit Canguilhem dans La Connaissance de la vie. Le hasard et la nécessité fondent l'ordre historique du vivant La particularité de ces systèmes organiques intégrés est qu'ils ont un sens historique dit François Jacob. Le temps est devenu depuis le XXe siècle le concept central pour comprendre le vivant. Produit de l'évolution depuis l'origine qui a amené à la variation de son espèce par le hasard et la nécessité , selon l'expression de Monod, un organisme n'est pas une totalité fonctionnelle isolable. [...]
[...] Monod le définit par sa téléonomie : chaque système intégré dans une organisation est orienté par le projet de transmission d'une constance d'espèce aux générations suivantes. De même, il n'exprime sa programmation génétique que dans le cadre de ses propres transformations, sa normativité, son adaptabilité. La redéfinition contemporaine du mécanisme et de la finalité permet d'affronter les questions philosophiques de bioéthique selon son intégration dans la complexité de tout être vivant. Chacune engage les savants à trouver une solution appropriée jamais générale et à prendre en compte les effets de pouvoir social produit par les manipulations sur le vivant. [...]
[...] La doctrine de l'animal-machine redéfinit de manière radicale le sens de la connaissance rationnelle du vivant. Le réductionnisme cartésien identifie l'idée du vivant à celle de l'objet technique : Je ne reconnais aucune différence entre les machines que font les artisans et les divers corps que la nature seule compose , dit-il dans les Principes de philosophie, sauf la petitesse imperceptible de leurs organes. Le vivant est un automate, un système clos, un et unifié, de rouages complexes. Le mécanisme ne suffit pas pour réfuter le vitalisme et le finalisme Admettre que machine et organisme sont de même structure, voire de même nature, pose un ensemble de problèmes insolubles : la machine fonctionne toute seule par l'action de ses rouages les uns sur les autres. [...]
[...] Aristote en tire la première classification systématique par genres et espèces des êtres vivants, conservée jusqu'à Buffon au XVIIIe siècle. La hiérarchie entre âme végétative sensitive et rationnelle est le critère de l'échelle des êtres. Ce principe formel est moteur et fin : il explique ce pour quoi la matière est organisée selon telle ou telle forme et pourquoi elle tend naturellement à se conserver, grandir, lutter contre la maladie ou la mort, et surtout se reproduire. C'est ce qui distingue radicalement l'être vivant des objets techniques. [...]
[...] Mais une maladie est-elle comparable à un simple dysfonctionnement mécanique ? Toute maladie affecte l'individualité de l'organisme luttant pour la conservation de son intégrité ; or la représentation mécaniste exclut une telle finalité sans rien lui substituer. Kant montre, dans la Critique de la faculté de juger, que le mécanisme échoue à rendre compte d'un ensemble de phénomènes propres aux organismes : autoréparation, cicatrisation, vicariance des fonctions, autorégulation, reproduction ; c'est comme s'il existait une force positive continuellement à l'œuvre pour maintenir ou rétablir la totalité vivante. [...]
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