Evoquer les relations entre science et religion rappelle rapidement quelques conflits historiques célèbres entre le Vatican et la recherche scientifique, dont les deux procès de Galilée sont un exemple archétypal.
Mais, au-delà de telles oppositions de fait, doit-on conclure à une opposition de droit, et à la capacité qu'aurait la science de finir par supprimer la religion ? Le scientisme du XIXe siècle proclamait un peu naïvement que les développements de l'attitude scientifique feraient disparaître tous les autres discours, mais l'histoire n'a pas confirmé ses espoirs. Il suffit de s'attacher à ce qui fonde les deux domaines et à l'hétérogénéité des vérités qu'ils promeuvent pour constater que la religion se maintient en dépit de la science, ou même qu'elle revêt des formes inattendues en raison des questions que la science ne résout pas.
[...] Croyance et recherche : Les attentes ou les positions de l'esprit, de part et d'autre, ne sont donc pas comparables. Croyance et savoir, comme le signale Kant, sont hétérogènes : la première adhère définitivement à ce qui lui est proposé, le second au contraire cherche inlassablement à mieux explique et doit être toujours prêt à remettre en chantier ce qui semblait acquis. Si des débats peuvent exister entre croyants, ils n'ont pas pour ambition de contester les principes mêmes de la religion, et ne peuvent porter que sur des aspects relativement mineurs Au contraire, la science est par définition ouverte aux débats, même radicaux : toute loi ou théorie peut y être mise en cause, les membres de la communauté scientifique sachant que la connaissance n'admet pas de version définitive. [...]
[...] La science est décevante : Or, le développement du savoir scientifique est lent et chacune de ses avancées s'accompagne de la découverte de nouveaux problèmes, dont les solutions se feront à leur tour attendre. Pour des esprits avides de savoir et de consolation immédiats, la science est nécessairement décevante, et sa lenteur aussi bien que sa prudence à ne rien affirmer avant de l'avoir longuement vérifié laissent le champ libre à toutes les interrogations morales et métaphysiques. De la science, on ne peut guère déduire une morale (tout au plus les règles d'une déontologie), ni la compréhension de l'origine première ou du destin de l'être humain ; quant à l'éventuelle vie future de l'âme un tel vocabulaire n'y a pas même cours. [...]
[...] La science peut-elle faire disparaître la religion ? Évoquer les relations entre science et religion rappelle rapidement quelques conflits historiques célèbres entre le Vatican et la recherche scientifique, dont les deux procès de Galilée sont un exemple archétypal. Mais, au-delà de telles oppositions de fait, doit-on conclure à une opposition de droit, et à la capacité qu'aurait la science de finir par supprimer la religion ? Le scientisme du XIXe siècle proclamait un peu naïvement que les développements de l'attitude scientifique feraient disparaître tous les autres discours, mais l'histoire n'a pas confirmé ses espoirs. [...]
[...] Et son cas n'est évidemment pas unique : tous les esprits grâce auxquels la science classique se développe sont chrétiens. Puisque, dit Galilée, les Écritures enseignent comment aller au ciel, mais non comment s'organise le ciel il doit être possible d'étudier scientifiquement cette organisation du ciel, pourvu que l'on fasse par ailleurs ce qu'il convient pour y aller. On peut relever que, dès le XIIe siècle, Averroès affirme, dans un contexte ou l'islam connaît une avancée notable des connaissances, en mathématiques ou en médecine, que la loi divine fait une obligation d'appliquer à la réflexion sur l'univers la spéculation rationnelle : œuvre scientifiquement est alors un devoir pour le croyant qui y est apte, tandis que la tradition religieuse suffira pour des esprits incapables de cette spéculation rationnelle. [...]
[...] Pas davantage que leurs conséquences : lorsque Descartes va poursuivre ses travaux de biologie dans une Hollande plus libérale que la France, il se montre prudent en raison des réactions, sinon de l'Église ou de la foi, du moins de la morale dominante qui en dépend. Pourtant, les savants classiques affirment une complémentarité entre science et religion : Galilée lui-même était loin d'être hostile à la religion : il considérait que, plus la connaissance du monde se développerait de manière scientifique (pour lui : mathématique ou démontrée), plus l'esprit trouverait de raisons pour admirer les beautés de l'univers créé par Dieu. [...]
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