La science consiste toujours en des démarches de recherche fondées sur la répétition de faits donnés. De mêmes causes entraînent de mêmes conséquences. On parle ici de science de la nature (la géologie, la biologie, l'astronomie, les mathématiques) de science fondée sur l'étude d'objets inanimés et prévisibles. La science donne une vision logique et hypothético-déductive (surtout pour le cas des mathématiques) sur le mécanisme du monde.
Il en va tout autrement de l'homme : nous sommes des sujets pensants, doués d'une expérience, d'une subjectivité et d'une complexité qui dépasse la science de la nature. On parlera donc de sciences humaines (la psychologie, l'anthropologie, al sociologie, l'histoire, la philosophie). Et contrairement aux objets, l'homme est imprévisible. Cela soulève un problème : la science peut-elle s'approprier la question de l'homme sans le réifier ?
[...] Sigmund Freud, dans son Initiation à la Psychanalyse, parle pour la première fois d'inconscient. Ce dernier est constitué de moi, du ça (toutes les pulsions, passions et désirs refoulés) et du surmoi (toutes les règles, obligations, autorité intégrées par l'éducation et la vie en société.)Cela signifie que, comme le dit Freud, le Moi n'est pas maître dans sa maison Cela suppose que l'homme peut échapper à lui-même. Il est lui-même et peut se dépasser lui-même. La conscience de l'être humain se vit au carré, elle revient sur elle-même (phénomène de la réflexion). [...]
[...] Bien sûr, nous sommes dépendants des progrès scientifiques, mais Bergson a dit que chaque progrès scientifique doit s'accompagner d'un supplément d'âme C'est pour cela que des philosophes constituent également le Comité d'Ethique, pour savoir ce qui est bon ou pas pour l'humanité. Nous avons les moyens de détruire la planète, ou de cloner un être humain à l'infini. Mais pouvons-nous nous le permettre ? C'est pour cela que l'être humain doit être considéré comme une fin et non un moyen, que la science ne fasse pas reculer l'homme qu'elle vise à préserver la valeur absolue qu'il représente. C'est ainsi qu'il existe le Comité de l'Ethique. [...]
[...] La science, au contraire, démontre que les phénomènes se répètent, et que donc, qu'ils sont prévisibles. Ainsi nous avons vu que la seule science de la nature ne peut tout révéler de l'homme, sans mettre de côté sa valeur de sujet pensant. Les sciences humaines font preuve d'une plus grande compréhension de l'être humain, mais elle se cantonnent à des statistiques et risquent de réifier l'être humain. Chaque homme est unique et par conséquent, inclassable, inexplicable et imprévisible. Nous serions presque tentés de répondre heureusement qu'on ne peut l'expliquer car cela nuirait à sa liberté. [...]
[...] Est-ce que la science est en mesure de faire une analyse complète de l'homme qui ne vienne pas détruire sa valeur de sujet irremplaçable ? C'est une question épistémologique et il faudra se demander : est-ce que la science pure est nuisible pour l'homme ? Enfin, on reconsidérera la question des sciences humaines, en précisant comment elles apportent une réponse sur le statut de l'humain, et la place de la science. Rabelais ne disait-il pas que science sans conscience n'est que ruine de l'âme ? [...]
[...] La conscience humaine s'anéantise elle-même (Sartre dans l'Etre et le Néant). La complexité, la subjectivité de l'homme sont telles que la conception de l'être humain déborde toutes les règles et prévisions pré-établies. Lorsqu'un psychothérapeute veut réconforter son patient, il va s'intéresser à son histoire, à ses doutes, à ses envies, voire même jusqu'à sa façon de considérer sa propre vie. Même quand il s'agit de guérir d'une maladie grave, les dispositions psychologiques du malade sont essentielles. Ainsi une personne qui garde le moral supportera mieux la maladie qu'une personne désespérée. [...]
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