Sous l'antiquité grecque nait la volonté de rendre le monde intelligible, volonté qui prend la forme du questionnement rationnel : c'est la naissance de la philosophie. Depuis, la philosophie est devenue science et les méthodes se sont améliorées. Le perfectionnement des sciences est allé de pair avec une certaine démocratisation du savoir inauguré avec le premier exemplaire de l'Encyclopédie publié par Diderot et d'Alembert en 1751. De nos jours la science fait même état d'une certaine vulgarisation, il s'agit d'un bien comme les autres dans notre société de consommation comme l'atteste le Futuroscope ou encore les émissions télévisées qui visent plus au divertissement qu'à l'enseignement. Aujourd'hui le savant a cédé sa place au chercheur. La différence est que le premier travaille sur le monde en essayant de l'expliquer alors que le second travaille le monde en le modifiant. Dès lors, les sciences transforment-elles le monde ?
Le but premier des sciences est de comprendre le monde, non pas de le modifier, cependant, il semble que depuis la révolution industrielle, compréhension rime avec transformation. Les sciences sont porteuses de techniques dont l'empreinte à l'échelle du monde est visible. Quel est le lien qui unit science et technique ? Ne peut-on pas dire que la science ne modifie uniquement notre perception du monde et que seule la technique le transforme réellement ? De plus, la science est une discipline proprement humaine. En cherchant à étudier le monde elle projette sur lui des représentations mécaniques et humaines. Ainsi, la science qui étudie le monde n'est-elle pas obligée de la rendre intelligible et par conséquent de la transformer ? Enfin, comment entendre cette notion de transformation du monde ?
Une première ligne directrice montrera que le but des sciences est bien d'étudier le monde ; une seconde comment et pourquoi les sciences transforment le monde ; enfin on s'interrogera sur le concept de transformation du monde en montrant qu'il s'agit d'un changement de représentation et d'utilisation du monde par les sciences (...)
[...] En ce sens donc la science transforme le monde. Cependant les sciences peuvent aussi modifier la nature, mais de manières indirectes. Les sciences sont à l'origine des grands progrès qu'a connu l'humanité et principalement depuis la révolution industrielle fin 18ème. Toutefois, si le monde change de visage ce n'est pas par les sciences mais par l'application des sciences, c'est-à-dire par la technique. Depuis l'invention du silex jusqu'à la révolution inaugurée par les NTIC, l'homme découvre des procédés, les adapte, les perfectionne et les utilise. [...]
[...] Sous l'Empire Romain, la Religion était une institution d'état, son rôle s'est ensuite affaiblie progressivement, jusqu'à péricliter même avec la loi de 1905 en France qui fixe définitivement la séparation de l'Église et de l'État. De même, le passage de la monarchie absolue de droit divin à la démocratie reflète cette volonté de modeler la société à l'image des sciences : la rendre rationnelle et dirigée par des hommes. En définitive, la progression de l'idée de rationalité permise par l'essor des sciences a transformé la société, c'est-à-dire le monde humain. Il faut aussi s'interroger sur la notion de transformation du monde. [...]
[...] Ainsi, bien que les sciences ne transforment pas la nature matériellement elles la réduisent à des formes humaines et mécaniques pour pouvoir l'expliquer. A l'image de la révolution copernicienne, Kant dans la Critique de la raison pure propose un renversement de la perspective dans laquelle se trouvait la métaphysique. Il ne s'agit plus d'essayer vainement de fixer les connaissances sur le réel mais l'inverse. C'est sous cette condition que la Métaphysique peut progresser. Plus généralement, Kant affirme donc ici que le réel (et donc le monde) doit se calquer sur nos connaissances pour faire preuve de scientificité. [...]
[...] Elle fait aussi l'éloge toujours selon Husserl de la science positiviste, c'est-à-dire de la science qui se réduit aux faits et s'enracine dans l'expérience. Les disciplines plus abstraites comme la philosophie ou la métaphysique se voient donc dépourvues d'intérêt avec cette nouvelle vision de la science moderne. Que dire aussi de la théologie, la science suprême selon certains. Peut-elle se calquer sur le modèle des sciences de la nature ? La nouvelle méthode scientifique fait l'éloge de l'expérimentation. Or comment peut-on qualifier de science une discipline dont l'objet n'est pas dans le monde ? [...]
[...] Mais alors, qu'en est-il de ce monde ? Il semble difficile de soutenir l'idée que ce monde corresponde à l'Univers au sens large. En effet, les sciences (et encore plus depuis qu'elles comportent leur caractère expérimental) sont plus ou moins limitées à la planète Terre. Certes des études scientifiques ont été menées sur Mars ou sur la Lune mais il s'agit surtout d'observation. Bref, bien que le champ d'étude des sciences se soit élargi avec les progrès astronomiques récents, leur champ d'application est quant à lui limité à notre monde. [...]
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