science, hasard, enchainements de causes et d'effets, déterminisme absolu, « intelligence humaine hyperbolique, J-J Kupiec, propensionnisme de Popper, bayésianisme
La première illustration du hasard c'est le résultat du jet de dé, on parle de hasard pour désigner ce qui semble n'avoir aucune cause. Or l'objet de la science est traditionnellement de répondre à la question « Pourquoi ? », c'est-à-dire expliquer les enchaînements de causes et d'effets à la fois pour comprendre le réel et prévoir l'avenir. Un scientifique du début du XIXe siècle comme Laplace pense qu'une intelligence suffisamment développée serait capable « d'envisager l'état présent de l'univers comme l'effet de son état antérieur et comme la cause de celui qui va suivre ». L'emplacement de chaque atome, le moindre mouvement d'une particule à n'importe quel endroit de l'univers sont déterminés par des lois scientifiques immuables, prévisibles.
[...] La psychanalyse entend expliquer les manifestations de spontanéité, tout ce qui paraît le plus intime : les rêves et les petites erreurs, lapsus et actions manquées qui semblent surgir au hasard de la vie quotidienne. Chaque petite expression du hasard relève d'un déterminisme psychique. L'inconscient n'a rien de chaotique, le mécanisme de refoulement répond à des contraintes sociales intériorisées. La projection d'un sens exclut le hasard, lorsqu'on aperçoit un motif interprétable, une loi on ne peut plus voir autre chose. Or les statisticiens montrent qu'il est toujours possible d'assigner une loi mathématique plus ou moins complexe à un tirage aléatoire de nombre. Pourquoi ne pas extrapoler à l'ensemble des manifestations du hasard ? [...]
[...] La science est utilisée contre le hasard dans un but de connaissance, d'étendre l'intelligence humaine à des phénomènes de plus en plus précis. Cependant, le hasard ne se réduit pas à ce qu'on ne connaît pas, le réel se révèle de plus en plus chaotique à mesure que l'intelligence tend vers les infinis. La science est donc le moyen pour l'homme de prouver l'existence du hasard qu'il doit accepter comme créateur d'unicité et dont il déduit et affirme son libre arbitre. [...]
[...] La liberté est un concept qu'on parvient à penser, mais on ne parvient pas à la connaître comme on peut connaître les lois nécessaires de la physique. L'existence d'un hasard objectif fait perdre sa pertinence au déterminisme phénoménal et remet en question la possibilité de connaître des lois nécessaires qui produisent l'état actuel de l'Univers. On peut désormais penser un libre arbitre par définition indépendant du déterminisme, mais le ramener dans la réalité phénoménale. Le passage de l'indétermination de l'état des particules à la liberté de l'homme ne va pas de soi. [...]
[...] La science est en effet toujours orientée par l'homme, c'est lui qui fixe un paradigme et décide du terrain d'exploration. La science et le hasard s'articulent donc avec un troisième principe ontologique puis pragmatique. L'existence d'un hasard qu'on qualifiera de subjectif est-elle la preuve des limites d'une intelligence humaine qui aspire à s'étendre grâce aux progrès de la science ? Renverser l'approche du hasard en en faisant une finalité scientifique objective, réelle, permet-elle d'affirmer le libre arbitre contre le déterminisme ? [...]
[...] À très petite échelle, la connaissance de l'état d'une particule à instant ne permet pas de prévoir sa position à l'instant suivant. Le hasard prend donc une existence réelle et doit être intégré aux lois scientifiques, sans être perçu comme un échec de l'intelligence. Comment passe-t-on dès lors de la remise en cause du déterminisme dans les sciences physiques et d'une intégration du hasard à l'ensemble de nos connaissances objectives à une affirmation d'un libre arbitre tout aussi réel ? [...]
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