La science est-elle incompatible avec la religion, Stephen Hawking, Hubert Reeves, transcendance, représentation du réel, discours religieux, Voltaire, Claude Bernard, hypothèse scientifique, philosophie scolastique, Platon, monothéisme, agnostisme
Stephen Hawking, dans un ouvrage intitulé "Y'a-t-il un grand architecte dans l'univers" (2010), remet en cause l'origine divine de la création de l'univers. Son confrère astrophysicien Hubert Reeves trouve ces propos quelque peu naïfs dans la mesure où cette thèse n'est pas nouvelle. Pour lui, bien qu'il soit croyant, "Science et religion ne sont pas incompatibles, mais il vaut mieux les séparer". La science est-elle incompatible avec la religion ? D'une part, la science permet d'acquérir un savoir par l'expérience et donc une vérité objective, universelle s'appuyant sur le consensus de la communauté scientifique. Elle s'interroge sur l'origine de l'existence tandis que la religion s'interroge sur les fondements. Du latin "religare", relier et "religere", respecter, elle implique un acte de confiance en une vérité que l'on admet sans preuve, de façon particulière et tolérante.
[...] C'est le cas lorsque l'on s'intéresse à la création de l'univers. Il nous est inconcevable d'accepter à la fois la théorie scientifique du Big Bang et la création du monde en quelques jours par la parole d'une divinité ou le pouvoir d'une toute-puissance. Cette tension n'est pas sans rappeler celle décrite par Platon dans La République à travers l'Allégorie de la Caverne. Dans ce récit imagé, les hommes sont enchaînés dans une caverne à leurs opinions, leurs croyances qui naissent d'un désir d'être illusionné puisqu'en effet, le prisonnier qui s'enfuit, inspiré de Socrate, atteint le monde des idées en délaissant derrière lui le conformisme, la crédulité. [...]
[...] Au terme de notre réflexion, nous avons pu relever un paradoxe, une tension à première vue irréversible entre croyance et religion. Or, si leurs discours, leurs démarches et leurs représentations du rel sont différents, cela ne les rend pas adversaires. Chacune en effet éclaire l'autre et lorsqu'elles sont associées de façon rationnelle et raisonnable, elles deviennent complémentaires. Les faiblesses de l'une sont compensées par les forces de l'autre. Il est donc nécessaire d'accepter une cohabitation puisque les sociétés et civilisations sont nées en parallèle des religions puis des questionnements scientifiques. [...]
[...] Cette méthode élaborée par le très célèbre scientifique au XIXe siècle Claude Bernard permet d'atteindre une objectivité, des preuves qui s'avèrent vraies et démontables de façon temporaire. Ainsi, le savoir rationnel est dans l'incapacité de soutenir la croyance religieuse, au risque de sans cesse être soumis à des contre-preuves. La réalité matérielle de la science s'oppose à celle affective de la religion et c'est pourquoi la tentative de la philosophie scolastique au Moyen-âge a fini par échouer au XVIIIe siècle. [...]
[...] Science et religion sont donc de façon substantielle hétérogène, ce qui les rend complémentaires. Elles ne s'affrontent pas et ne sont pas concurrentes. La science possède elle aussi des insuffisances qui peuvent être consolidées par la croyance religieuse. Il s'avère même que celles-ci semblent tout à fait indissociables. III. L'une peut-elle exister sans l'autre ? Ainsi il semble désormais nécessaire de s'interroger sur la question suivante. Religion et science sont-elles essentielles à l'autre ? C'est-à- dire, l'une peut-elle subsister ou même exister sans l'autre, et à quelles conditions ? [...]
[...] Une tentative de conciliation peut alors être espérée. Tout d'abord, la tension entre savoir scientifique et croyance religieuse peut être surmontée, car ils ont tous deux des préoccupations bien distinctes. La science se questionne sur l'origine de l'univers, de l'existence, c'est-à-dire comment, par quels moyens. Elle ne cherche en aucun cas à trouver un sens à notre existence et ainsi à notre finitude. C'est la religion qui s'en charge en s'interrogeant sur notre origine et en justifiant notre présence sur Terre. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture