La conscience est la présence vécue du sujet à lui-même et son rapport au monde. La science sans conscience n'est donc pas productrice d'un modèle personnel du monde et n'a pas de présence vécue à elle même. Or la science est un corps de propositions nécessaires et universelles, non seulement rationnellement établies mais conformes au réel. C'est pourquoi la science sans conscience est une science qui recherche la vérité sans se rendre compte qu'elle le fait. Elle produit par conséquent des lois mécaniquement sans avoir conscience qu'elle les produit, telle une machine. La science est alors d'une objectivité absolue.
Cependant, la conscience étant aussi un rapport au monde, la science sans conscience n'a pas de rapport au monde, elle n'est donc pas un sujet capable d'appréhender le réel et ne peut donc pas établir de théories. Mais si l'on suppose que la science n'est pas un individu mais le produit (au sens de "résultat") de nombreux individus qui eux ont une conscience. Alors la science peut dans ce cas avoir un rapport au monde qui est le regroupement de tous les rapports au monde des scientifiques. Néanmoins, peu importe qu'il y ait consensus ou non, un accord entre maintes subjectivités n'est pas source d'une objectivité car rien n'assure que toutes les subjectivités aient une vision juste du monde, même si elles ont la même vision. Comme les scientifiques sont des hommes alors ils ont une conscience et comme la conscience est propre à un sujet alors elle est subjective. Donc les scientifiques sont subjectifs. Alors la science sans conscience n'est pas objective.
Or la conscience est à la fois source de subjectivité et de distinction entre le Bien et le Mal, puisque sans conscience il n'y a pas de morale. C'est pourquoi il faut comprendre ce qu'est le rapport entre la science et les scientifiques pour comprendre ce que peut entraîner une science sans conscience. La science dépend-elle de l'objectivité des scientifiques? Autrement dit existe-t-il des moyens pour empêcher que la subjectivité du scientifique ne rende la science subjective ? Si non, quelles dérives cela entraîne-t-il ? Ces dérives sont-elles nécessaires ? L'enjeu est de prendre conscience des risques qu'implique une science sans conscience.
[...] Cette science sans conscience est donc extrêmement réductrice puisqu'elle nie l'homme en tant que sujet. L'homme n'est plus maître de lui-même, il est assujetti à des lois nécessaires, c'est-à-dire des lois auxquelles il ne peut pas échapper. L'homme est alors privé de sa liberté d'agir, sa vie est tracée, déterminée. Or l'homme privé de sa liberté d'agir ne peut pas contrôler la science qui est autonome, et qui par conséquent peut s'étendre librement. La science est alors transcendante, une "transcendance noire" d'après l'expression de Michel Henry dans La barbarie. [...]
[...] L'enjeu est de prendre conscience des risques qu'implique une science sans conscience. Dans les années 1830, Michael Faraday découvrit le phénomène de l'induction magnétique, et s'en servi pour mettre au point la cage à laquelle il a donnée son nom. Lors de ses expériences, il n'a pas hésité à mettre sa tête au milieu du champ électromagnétique contenu dans la cage, sans savoir ce qu'il allait se passer. Cet exemple montre qu'un scientifique peut être prêt à donner sa vie pour une expérience, pour la science. [...]
[...] "Science sans conscience " La conscience est la présence vécue du sujet à lui-même et son rapport au monde. La science sans conscience n'est donc pas productrice d'un modèle personnel du monde et n'a pas de présence vécue à elle-même. Or la science est un corps de propositions nécessaires et universelles, non seulement rationnellement établies mais conformes au réel. C'est pourquoi la science sans conscience est une science qui recherche la vérité sans se rendre compte qu'elle le fait. Elle produit par conséquent des lois mécaniquement sans avoir conscience qu'elle les produit, telle une machine. [...]
[...] Par exemple, Lyssenko, "scientifique" russe, en 1927, s'est fait le promoteur d'une technique découverte aux États-Unis , la vernalisation, qui permettait de transformer des blés d'hiver en blés de printemps en les soumettant à de basses températures. Il prétendait l'avoir inventé et y voyait une façon de sortir l'agriculture soviétique de son marasme, même si les biologistes jugeaient la technique trop peu fiable pour être utile. Soutenu par le Parti, il a envoyé dans les camps tous les scientifiques qui s'étaient opposé à sa théorie. Ainsi la science peut-elle être mise au service d'intérêts personnels ou collectifs, de la politique ou de la religion. [...]
[...] Sans conscience, la science est alors d'une objectivité absolue. Dans Mon oncle d'Amérique, Alain Resnais fait un parallèle entre la vie humaine et la vie animale (liens entre le comportement des expériences menées sur les rats avec le comportement des humains conditionnés par la société et leurs choix). Les personnages du film sont soumis à une analyse comportementaliste qui est expliquée au fur et à mesure du film et qui rappelle la théorie smithienne de la main invisible : le désir personnel d'être le meilleur sert l'intérêt général. [...]
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