La Métaphysique de l'amour n'est pas un livre publié de Schopenhauer (1788-1860), mais un complément au livre IV de son gros oeuvre intitulé Le Monde comme Volonté et comme représentation, publié en 1818. On dit malicieusement de lui qu'il est l'homme d'un seul livre, car en effet il n'a cessé de parfaire son texte primitif. Aux quelques 800 pages que constituent les suppléments (1844), s'ajoutent à partir de 1851 les 2000 pages des Parerga et paralipomena.
Les quatre livres du Monde présentent la progression de la conscience humaine depuis la représentation : je perçois le monde, les objets dans l'espace, le temps et la causalité : donc je ne perçois pas sa réalité nouménale (ce qu'est le monde en lui-même et indépendamment de moi) jusqu'à la compréhension que tout est Volonté (par l'esprit de Schopenhauer, il nous est donné de penser que nous collaborons à cette entreprise vaine et stupide qui s'appelle la vie). La tâche de Schopenhauer consiste à repartir de cet acquis kantien pour graduellement, s'élever à la connaissance de la chose en soi. Peut-on trouver un chemin souterrain, un biais pour parvenir à la saisie de la chose telle qu'elle existe en elle-même. En d'autres termes peut-on parvenir à une connaissance nouménale ? (...)
[...] Le texte de la métaphysique de l'amour trouve sa place dans la pensée de la pérennité de la Volonté. Elle trouve à s'immortaliser dans la reproduction sexuelle. Or, notre rapport à la sexualité n'a rien à voir avec la volonté de pérenniser l'espèce, donc Schopenhauer en conclut que nous sommes victimes d'une illusion. Nous croyons au romantisme, à la croisée des destins, à l'âme sœur. Schopenhauer nous montre qu'en réalité, à travers nos désirs, la Volonté cherche les conditions de sa pérennité. [...]
[...] Mais il faut admettre que Schopenhauer ne critique pas la dimension naturaliste qu'il prête à la sexualité. Nous devrons donc nous demander pour lui, si la sexualité humaine est bien naturelle ou si, comme la gastronomie, elles ne constituent pas des culturations de phénomènes naturels. Nous ne cherchons plus d'abord, dans l'Europe occidentalisée et au-delà dans les pays occidentalisés, à avoir des activités sexuelles en vue de la reproduction, mais nous cherchons le plaisir. Il en va de même pour la nutrition, qui dès qu'elle n'est plus une question vitale pour un pays suffisamment développé devient l'occasion d'une recherche de plaisir. [...]
[...] Qu'en serait-il si nous étions capables de penser de manière collectiviste. Par exemple l'écologie cherche à nous donner à penser qu'au lieu de jouir de la nature, il faudrait veiller aux générations à venir. Il s'agirait donc de réussir à penser au-delà de soi et l'on constate qu'autour de ce sentiment d'amour en lequel nous croyons, se fait la possibilité de l'espèce, qu'elle est commune une vague et que de suspendre, quelques années simplement, la reproduction suffirait à faire disparaître l'homme. [...]
[...] Schopenhauer l'a-t-il lu ? En tous cas, il permet d'expliquer l'ennoblissement de l'être aimé comme illusion. Par cristallisation Stendhal pense le phénomène qu'il voit à l'œuvre dans les carrières de sel de la ville Salzbourg en Autriche. Un bâton était tombé par inadvertance dans ces mines, peu à peu il s'est recours de cristaux de sel. La cristallisation amoureuse désigne ainsi ce processus par lequel nous sublimons l'être aimé, et par lequel ou grâce auquel nous finissons par oublier que, sous l'éclat des cristaux, il n'y a qu'un bâton Selon Stendhal, l'amour serait ce procédé d'embellissement d'un individu sur lequel nous projetterions nos désirs. [...]
[...] indépendamment de l'homme, le monde soit bien spatio- temporel et causal, mais nous ne pouvons pas le savoir puisque nous ne pouvons pas nous le représenter indépendamment de ces formes là Donc, Kant en montrant que je ne peux connaître que ce dont je fais l'expérience, et en établissant qu'une connaissance scientifique est forcément causale, met fin à ce rêve philosophique d'une connaissance absolue où l'esprit serait en parfaite adéquation avec l'objet qu'il pense. Tout au mieux dit-il, il y a une cohérence logique de la pensée. On sait qu'une chose est vraie, lorsqu'elle peut être expérimentée et l'autre la structure logique qui l'appréhende ne comporte aucune faute de réflexion. Nous serions ainsi voués au monde sensible et à une vérité subjective. La synthèse schopenhauerienne Le génie schopenhauerien va consiste à rabattre le kantisme sur le platonisme. [...]
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