Aujourd'hui, la notion de scandale a pris une signification très large et on en fait un usage courant. Que ce soit à la télévision ou dans une presse dite spécialisée, les scandales sont 'révélés' les uns après les autres, quand ce n'est pas les uns en même temps que les autres. Assommé par ce déferlement d'informations « à sensation », on se sent un peu perdu quant à ce qu'est vraiment le scandale.
Qu'est-ce que le scandale ? Comment se présente-t-il et quelles en sont les conséquences ? Autant de questions dont les réponses semblent à prime abord peu évidentes, et qu'il va falloir éclaircir pour cerner les dimensions du scandale.
[...] Le scandale : et après ? Dans son acception religieuse, le scandale est incitation au péché, encouragement à se détourner de Dieu, et, par extension, le péché lui-même. Une fois encore, on retrouve cette idée selon laquelle le scandale est ce qui vient s'opposer à un ordre établi, que sont ici les commandements divins. Mais le scandale religieux a ceci de particulier qu'il sous-entend toujours la réparation du scandale comme une obligation. Celui qui a péché, c'est-à-dire manqué aux lois divines, est coupable. [...]
[...] Par définition, le scandale est aussi ce dont on s'indigne : se scandaliser de quelque chose signifie bien s'en indigner. Dans la proposition La misère de ces gens est un scandale c'est bien l'idée de honteux, de scandaleux qui est suggérée : face à une situation qui me paraît injuste, je me révèle scandalisé ; je ²crie au scandale². Le scandale peut donc apparaître comme un stimulateur de révolte, et précisément de révolte contre une situation scandaleuse. Je tente de révéler cette situation, qui est pour moi un scandale. Le scandale se révèle être un principe d'action. [...]
[...] Mais il ne fait jamais scandale. Après la confession, il doit en outre expier, racheter ses péchés. En expiant ses péchés, il accomplit un retour à sa piété, écarte de lui tout ce qui est hors du pieux : c'est bien l'étymologie de ex-pier ; il se replace donc sous l'obéissance aux règles divines. Le scandale est ainsi évité, évité par un retour à la normale, à l'obéissance au commandement. En outre, le péché implique la punition : celui qui est à l'origine du scandale, s'il doit racheter son péché, doit le racheter en faisait pénitence. [...]
[...] Dans le domaine de l'art contemporain, on tend également à banaliser la notion : la norme artistique semble aujourd'hui être de faire scandale. Mais nous l'avons vu, le scandale, qui est l'anti-norme par excellence, ne peut se poser comme norme qu'en s'abolissant. De manière plus générale même, le scandale érigé en loi pose le problème de la morale : adviendrait-il ainsi une sorte de morale du mal ? Où situer alors la morale ? Ce serait là l'anéantissement de toute idée de bien et de mal. [...]
[...] Et le fou est bien celui qui ne peut plus faire scandale. Platon parle en effet de Diogène comme de Socrate en délire Car au contraire, si la pensée de Socrate a été scandaleuse en tant qu'elle affirmait que l'homme avait à chercher la vérité en lui-même et non dans les dieux, Socrate ne s'est jamais opposé à la loi. Jusqu'au bout, il reste en prison et refuse de s'évader parce que c'est la loi qui l'a condamné. C'est en ce sens que Socrate fait scandale au sens fort du terme, et que Diogène non. [...]
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