A l'heure où il se pose la question de la qualification du technicien face à celle du « scientifique » à travers de nombreux débats portant des titres fort attractifs tels que « Manuel ou intellectuel ? », il me semble que toutes ces polémiques sont des bavardages sans grand intérêt car ils n'aboutissent jamais à de réelles conclusions et nous ne sommes pas plus avancés lorsque ces derniers finissent.
Aussi, la question : « Peut-on parler d'un savoir technique ? » semble être d'actualité et demande beaucoup de prudence pour ne pas retomber dans le schéma qui consiste à dire que le technicien et le scientifique font un travail identique car tous les deux réfléchissent (...)
[...] Existe-t-il une gradation entre les techniques ? L'idée d'une gradation entre les techniques nous incite à faciliter le problème. Si nous supposons que des différences existent entre les techniques, nous pouvons alors simplement dire qu'une technique peut provenir d'un savoir et qu'une autre, non. Or, il me semble qu'il est trop facile de donner ce genre de solution. Pour ma part, les techniques sont égales si l'on considère que leur cheminement à travers le temps est plus important que la façon de les reproduire par la suite. [...]
[...] Cette démonstration de l'auteur déplace le problème d'un savoir technique dans celui d'un savoir-faire technique, car il n'est plus question de contenu rationalisé, mais de contenu biologique. L'architecture est alors une technique égale à la maintenance des machines car ces techniques émanent des mêmes libérations du corps mêmes si on les par la suite, rationalisées différemment. En effet, il ne s'agit plus de mener un raisonnement élitiste en cherchant quelle technique est la plus avancée mais de montrer que chaque technique provient, non pas d'un savoir (qui serait uniquement à penser sur le plan de la maturation du cerveau) ; mais qu'elle est aussi conditionnée par les possibilités du corps, ce qui rapprocherait plutôt la technique du savoir-faire. [...]
[...] L'élément principal qui constitue la technique est le dressage auquel on se soumet pour la pratiquer. Il y a une véritable prolifération des théories de la technique, comme si la celle-ci n'était devenue finalement que théorique. Ce qui est le plus troublant encore dans cette tendance à rationaliser la technique c'est le fait qu'en faisant cela, le savoir technique semble avoir perdu son savoir-faire A trop vouloir penser la technique à partir de l'idée de savoir, certaines techniques perdent de leur efficacité ou de leur compréhension. [...]
[...] Voilà ce qui explique ces si longues années d'écoles d'architecture où les élèves n'apprennent pas seulement le dessin mais étudient surtout les modulations des terrains, les systèmes de toiture ou d'évacuation d'eau. La technique du dessin peut parfois être considérée comme un talent inné ; mais pour ce qui est des techniques permettant d'évaluer la possibilité des terrains, il me semble probable que l'architecte ne naît pas en connaissant cela. Selon cette thèse, pour pratiquer la technique de l'architecture, il faudrait apprendre. [...]
[...] C'est aussi la différence entre une faculté pratique et une faculté théorique. Il importe maintenant de revenir sur ces notions car en questionnant l'apprentissage de la technique, il me semble que les conclusions qui apparaissent donnent un tout autre sens au sujet. Comment apprend-t-on la technique ? Est-ce à l'école, dans un livre, dans un encyclopédie ? Il me semble que non. La technique ne s'apprend pas à travers une théorie mais plutôt par sa pratique. L'apprentissage n'est donc plus savoir mais savoir-faire Les exemples démontrant cette thèse sont éloquents. [...]
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