De prime abord, savoir et croyance semblent diamétralement opposés. En effet on assimile la croyance à tout ce que l'on tient pour vrai sans possession ni besoin de preuve ou de démonstration. Croire serait donc se baser sur un principe douteux. A l'inverse, le savoir se veut rationnel, il doit fournir les raisons de ce qu'il tient pour vrai, par la démonstration ou sous forme de preuves par les faits.
Pour autant, le savoir et la croyance au sens large ont un point commun : celui d'affirmer détenir une vérité. Ainsi toutes les théories mathématiques, physiques ou encore chimiques ou biologiques prétendent dégager toutes sortes de règles ou de lois régulières permettant d'expliquer divers phénomènes. En comparaison, une vérité née du savoir paraît en tout point supérieure à celle née d'une croyance, visiblement amenée sans fondements. Pourtant force est de constater que le progrès du savoir n'a pas réduit à néant les croyances, bien au contraire. A l'inverse, certaines croyances métaphysiques comme l'existence d'un Dieu, d'un monde post mortem où les âmes pourraient séjourner en paix pour l'éternité, sont autant de notions qui excluent toutes connaissances scientifiques.
Si le savoir, lorsqu'il s'applique à un objet particulier a toutes les chances de faire disparaitre une croyance illusoire portant sur le même sujet, est-il susceptible pour autant de bannir toutes les croyances ? D'autres rapports entre croyances et savoir seraient-ils à envisager ? Le savoir ne présuppose-t-il pas certaines croyances, comme celle d'une « foi » en la raison ? La croyance peut-elle coexister avec un savoir scientifique sans pour autant disparaitre ?
[...] Se pourrait-il alors que savoir et croyance coexistent ? Kant, dans Critique de la faculté de juger montre que lorsque l'on cherche scientifiquement à démontrer quelque chose qu'il faut prendre en compte ce pourquoi ce quelque chose est fait au final. Ainsi, il faut présupposer pour savoir, autrement dit : croire pour savoir. De la même manière, les scientifiques croient qu'il existe une vérité universelle qui ne demande qu'à être démontrée ; tout ce qui existe a forcément une raison logique d'exister. [...]
[...] Le savoir serait-il donc impuissant face aux croyances irrationnelles ? Nous avons vu que le savoir et la croyance se distinguaient fondamentalement par leurs exigences. Bien que tous deux prétendent détenir une vérité, l'un s'appuie sur des raisonnements et démonstrations scientifiques, et l'autre sur des croyances irrationnelles. Certaines croyances, comme celles religieuses : la foi, prétendent même détenir des vérités au dessus de tout savoir. Alors que le savoir se cantonne à ce qui peut être démontré, la Religion jouit d'une ouverture d'esprit au mystérieux et à l'inconnue. [...]
[...] Alors qu'auparavant nous avions défini le savoir comme étant en partie destructeur logique des croyances, il semblerait dorénavant que ce soit presque l'inverse. En effet, seules les croyances peuvent répondre à ce genre de questions métaphysiques, et le savoir, tout en ne les affirmant pas, ne peut les contredire. La croyance apparaitrait donc bien comme un complément au savoir. En effet il apparait donc que le savoir repose lui-même sur une forme de croyance. Pour pratiquer les sciences, nous sommes obligés de croire en un ordre du monde. [...]
[...] En se basant sur des croyances métaphysiques qu'ils se donnent pour vraies, sans chercher à les comprendre davantage, le peuple se créer ainsi des peurs causées par la Religion. Le peuple a peur de pécher, de se voir en enfer pour l'éternité, etc . Le savoir apparait alors comme salvateur pour un peuple ignorant si l'on conçoit que tout phénomène naturel a une cause, et que plus généralement tout se rapporte à une explication logique et démontrable. Le peuple serait ainsi délivré de la crainte engendrée par l'ignorance. [...]
[...] Les résultats réels du savoir, dans leur insuffisance, laissent en effet place à des interrogations auxquelles seules les croyances religieuses peuvent apporter une réponse c'est pourquoi les croyances de toutes sortes persistent, en dépit des progrès de la science. À l'inverse, le savoir suppose le doute en ce qui concerne les évidences trop rapidement admises. C'est bien le caractère incertain du savoir, du moins la prise de conscience de ce caractère, qui lui confère son caractère dynamique et lui permet d'évoluer. [...]
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