Dans la République, Platon affirme qu'il ne peut y avoir de cité bien organisée et de philosophie possible dans la paix « que quand les philosophes seront rois et les rois philosophes ». Ainsi, Platon met clairement en lumière la notion de « pouvoir » comme découlant de la notion de « savoir ». Celles-ci nécessitent, par ailleurs, une attention particulière, car leurs significations sont aussi riches que variées. En effet, en tant que nom, le savoir constitue l'ensemble des connaissances acquises par l'apprentissage ou l'expérience et en tant que verbe, il signifie « avoir la connaissance de quelque chose », mais également « avoir la capacité de faire quelque chose » au sens où l'on sait lire, écrire ou compter. De même, le concept de « pouvoir », du latin « posse », soit « être capable de », en tant que nom, désigne la possibilité d'agir sur quelqu'un ou quelque chose, à l'exemple de celui qui commande et, en tant que verbe, signifie « avoir la possibilité, la faculté d'entreprendre quelque chose ». De ce fait, il est aisé de constater la relation étroite qu'entretiennent ces deux termes, sur laquelle il convient de nous interroger.
[...] Il n'est donc pas nécessaire de savoir pour pouvoir agir. Parfois, il faut répondre à des situations urgentes et dans ces cas-là, seule l'action compte. Si les hommes avaient attendu de tout savoir pour agir, ils n'auraient jamais réussi à être ce qu'ils sont devenus. Le non-savoir est propre à la condition humaine et c'est faire preuve de sagesse que de le reconnaître tel Socrate dans sa célèbre expression: je sais que je ne sais rien ».Enfin,nous pourrions même affirmer que c'est bien souvent le savoir qui découle de l'action et non pas l'inverse puisque c'est en forgeant que l'on devient forgeron comme dit la diction. [...]
[...] En effet, de nombreux 'individus, pourtant très savants, ne sont pas puissants. De plus, comme nous l'avons précisé dans notre deuxième partie, il n'existe pas un seul et unique savoir, mais des savoirs et un seul individu ne saurait à lui seul regrouper tous ces différents savoirs Par conséquent, puisqu'il n'existe pas de savant absolu, universel, à qui confier le pouvoir? Sans doute, à celui qui, au-delà de son domaine de compétence, aurait la faculté de traiter de manière judicieuse les problèmes posés et d'en apporter des solutions tout aussi pertinentes et appropriées à la situation. [...]
[...] De ce fait, la relation pouvoir-savoir ne semble pas aller de soi. Mais, pouvoir nécessite un acte de volonté. En effet, ce sont bien plus souvent nos inclinations, nos désirs et nos passions qui nous poussent à agir, non pas le savoir. Au contraire,en bien des cas,c'est le savoir lui-même qui entrave l'action. En effet, il est bien plus simple d'agir lorsque l'on ignore les causes qui nous poussent à agir et les conséquences que pourrait occasionner notre action. L'ignorance n'interdit pas l'audace. [...]
[...] Toutefois, dans un second temps,nous avons démontré que le savoir n'est pas nécessairement une condition du pouvoir dans la mesure où aucun Homme ne détient la connaissance absolue. Bien souvent, la raison de l'Homme échoue à expliquer certains phénomènes, car la science absolue n'existe pas à l'échelle humaine. Ainsi, là où on ne peut ni démontrer ni réfuter, il est permis de croire. De plus, nous avons constaté que, bien souvent, le savoir constitue un frein à l'action de par son caractère trop passif et que , peut-être, le savoir est une condition du pouvoir, car , pour apprendre et progresser, il faut agir, voire même commettre des erreurs. [...]
[...] À présent, il convient de nous interroger sur la légitimité du pouvoir. Tout d'abord, affirmer la légitimité rationnelle de la complémentarité entre savoir et pouvoir ne suffit pas pour autant à expliquer entièrement la légitimité sociale de ce pouvoir. En effet, le savoir n'est pas un critère suffisant pour pouvoir prétendre au pouvoir. Des facteurs extérieurs rentrent également en compte, notamment la capacité du dirigeant à se rapprocher du peuple, à savoir des dominés, bien que le savoir les dissocie profondément. [...]
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