L'homme isolé peut commettre un acte vulgaire sans pour autant se juger, se questionner sur la vulgarité de son geste. Le geste est effectué dans le mode du pour-soi, dans le rapport de soi à soi-même. L'homme accompagné va éviter ce genre de gestes.
En effet, la différence qui existe entre ces deux situations, est que l'homme accompagné sait que les autres pourront juger cet acte, et ainsi penser des choses négatives sur lui. L'acte passe alors du mode du pour-soi au mode de l'en-soi dans la mesure où il est objectivé, il a un rapport avec le monde extérieur car il est perçu par autrui (...)
[...] Il s'agit alors de soigner ses faits et gestes afin d'être apprécié et reconnu. C'est pour cela que l'on dit qu'il est important de donner une bonne image de soi» lorsque l'on veut plaire à un public. Cette phrase, qui est de nos jours vulgarisée, illustre cependant bien la thèse de Sartre. L'homme sait qu'il apparaît aux autres comme un objet car les autres n'ont pas accès à sa conscience propre. Ainsi, lorsque l'homme n'est plus seul mais accompagné, ses actes, quels qu'ils soient, sont objectivés grâce à la présence d'autrui. [...]
[...] C'est par ailleurs la conclusion de Sartre dans cet extrait (L18) : Je reconnais que je suis comme autrui me voit. Je reconnais que je ne suis aux yeux d'autrui que le produit de mes actes, que je suis comme l'en-soi qu'autrui perçoit. Ainsi nous avons vu dans cet extrait de L'Etre et le Néant, que Sartre faisait une distinction entre l' en-soi c'est-à-dire l'être privé de conscience, et le pour-soi c'est-à-dire l'être pourvu de conscience. Il explique par ailleurs que la présence d'autrui est nécessaire afin que l'homme prenne conscience de ses actes dans la mesure où il ne devient plus uniquement que sujet mais également objet. [...]
[...] Sartre qualifie, en outre, le sentiment de honte de non-réflexif. En effet, la présence d'autrui est indispensable à l'apparition du sentiment de honte. Or, le champ de ma réflexion (tout ce qui est du domaine du reflexe) n'a de rapport qu'avec ma conscience propre : L7-8 : [ ] dans le champ de ma réflexion je ne puis jamais rencontrer que la conscience qui est mienne. Autrement dit, toute réaction ne dépendant pas uniquement de ma conscience propre ne peut être qualifiée de réflexive. [...]
[...] Autrui est le miroir qui fait l'homme prendre conscience de lui-même et qui lui permet ainsi de se juger. C'est pourquoi survient chez l'homme, lorsqu'il effectue des actes répréhensibles devant autrui, un sentiment non-réflexif désagréable: le sentiment de honte. Celui-ci n'est pas moins la preuve que l'homme désire avant toute chose être reconnu ; que c'est, en tout premier lieu, l'amour d'autrui qu'il convoite. [...]
[...] En effet, l'homme n'est pas conçu au préalable. Il existe donc d'abord (c'est-à-dire qu'il exerce sa liberté), avant de se forger Sartre voit en l'essence de l'homme, la détermination de ses actes. C'est cette distinction qui fait de l'homme libre et conscient un être appartenant au pour-soi. Ainsi, l'homme dépourvu de conscience et de détermination aux yeux des autres, apparaît comme un objet, comme de l'en-soi, dont seuls les gestes et les paroles peuvent leur permettre de le juger et ainsi de se donner une idée de lui. [...]
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