Le texte ouvre sur un double paradoxe. Beaucoup de choses et d'événements que nous vivons au présent semblent avoir été décidés dans le passé. Nous en héritons sans choix réel. Qu'il s'agisse du niveau social de mes parents, de leur séparation ou des déménagements que j'ai pu faire étant enfant, tout cela peut être compris comme un ensemble de faits passés déterminant mon présent actuel (...)
[...] Il peut se faire que cette possibilité soit elle-même dépendante du passé. Conclusion Le texte de Sartre montre que le passé n'a pas l'influence inéluctable et nécessaire que l'on veut bien lui prêter communément. Au lieu d'être la cause première, immédiate et sans retour de mon futur, son rôle est au contraire réinvesti et redéfini en fonction de la liberté toujours présente. Il est donc médiatisé par le projet d'existence future. Cependant, la liberté revêt une telle importance dans le présupposé de l'auteur qu'on peut estimer qu'il sous-estime quelque peu le poids réel du passé, vivant et mort, sur nos choix, c'est-à-dire aussi sur notre liberté. [...]
[...] Cette image de moi à quoi je suis fidèle peut donc un jour disparaître ou n'avoir plus de sens Le passé paradoxal Sartre considère alors une seconde catégorie de passé, plus ambiguë et plus complexe, à partir d'un objet très banal et courant. Si l'on change de projet, de centre d'intérêt, de goût toutes ces attitudes supposent qu'on établisse des hiérarchies différentes. Au moment où j'ai acheté ce costume par exemple, il était à la mode et je ne me voyais pas vivre sans être la mode. [...]
[...] Texte étudié C'est le futur qui décide si le passé est vivant ou mort. Le passé, en effet, est originellement projet, comme le surgissement actuel de mon être. Et, dans la mesure même où il est projet, il est anticipation ; son sens lui vient de l'avenir qu'il préesquisse. Lorsque le passé glisse tout entier au passé, sa valeur absolue dépend de la confirmation ou de l'infirmation des anticipations qu'il était. Mais c'est précisément de ma liberté actuelle qu'il dépend de confirmer le sens de ces anticipations en les reprenant à son compte, c'est-à-dire en anticipant, à leur suite, l'avenir qu'elles anticipaient ou de les infirmer en anticipant simplement un autre avenir. [...]
[...] Son sens et sa valeur lui venaient de son statut d'esquisse. Mais pour qu'il y ait vraiment esquisse, il faut toujours faire la comparaison avec le tableau final. Si le tableau est la continuité et l'achèvement de cette esquisse, elle pourra être définie comme l'esquisse de l'œuvre. Si au contraire le dessein du peintre change et qu'il fait un autre dessin final, l'esquisse première sera alors une simple esquisse parmi d'autres, non retenue par l'artiste. Les expositions des musées en montrent souvent. [...]
[...] Au sens strict on devrait même dire, comme le fait saint Augustin, que le passé par définition n'est plus et devrait donc être mort sans autre alternative. Or il n'en est rien. Le principe de l'ordre hiérarchique permet de le comprendre. Vivant pour un événement passé veut justement dire qu'il entre toujours dans les projets auxquels je tiens. Mon engagement d'amour d'il y a dix ou vingt ans est toujours vivant si je continue de mettre au sommet de la hiérarchie de mes projets ma vie maritale ou familiale. [...]
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