Santé maladie
Dans les relations humaines, il existe une question qui s'est érigée en préalable ordinaire, voire même en préalable obligatoire de toute discussion entre deux personnes qui se connaissent. Une question qui, si elle est peut être la question la plus communément posée au monde - on pourra dire par là la plus «banale» - n'en gagne pas moins toute son effectivité. Cette question c'est tout simplement celle-ci : « Comment-allez vous ? », « Comment ça va ? », que l'on décline à loisir.
C'est une question qui porte sur la santé de son interlocuteur, il s'agit de s'informer sur son état physiologique. A cette question, on peut répondre par l'affirmative, et souvent dans ce cas, la discussion passe à autre chose prend un autre cours. A l'inverse, on peut y répondre par la négative, la discussion s'articule alors autour de la description des symptômes.
On constate que le concept de santé est communément renvoyé à ce qui est de l'ordre de l'évidence, de ce que l'on apelle le « normal ». La santé se comprend comme l'état de l'être humain chez lequel le fonctionnement de tous les organes est harmonieux et régulier, le dictionnaire préçise qu'il s'agit du fonctionnement habituel du corps. Donc tant que l'on se porte bien, on a tendance à dire qu' « on a la santé », à parler de « bonne santé » et considérer qu'il s'agit du fonctionnement normal de l'organisme.
A l'inverse, on considèrera qu'être malade est de l'ordre de l'anormal. La définition commune ramène la maladie à une silmple altération de la santé, altération qui se traduit chez le malade et qui alors chez lui référence à une sensation désagréable, douloureuse, affaiblissante, angoissante, etc. Bref, quelque chose dont il pâtit, qu'il juge par là mauvais et relaie donc à l'ordre de l'anormalité.
On constate que dans la pensée vulgaire, Les concepts de santé et maladie sont attachés à des jugements de valeur : la santé serait ce qui est bon, la maladie ce qui est mauvais. De surcroît, Santé et maladie sont compris comme des phénomènes relatifs à une normalité : la santé serait un phénomène normal et la maladie une déviation anormale. Ainsi cette vision fait-elle de la vie normale une vie considérée comme se déroulant dans un ordre continu, la normalité étant comprise comme régularité. A partir de là, les concepts de santé et maladie sont compris comme absolument antagonistes.
Pourtant, on considèrera qu'être tout le tant en parfaite santé c'est anormal, donc finalement qu'il est normal de tomber malade de temps en temps.
On se propose alors d'examiner la question suivante : être malade, est-ce être anormal ? afin de comprendre la nature du lien entre les concepts de santé et maladie.
[...] La maladie produit une nouvelle forme de normalité donnée dans l'expérience d'un pouvoir normatif restreint. La maladie n'est donc pas anormale. D'une part, c'est une vie sans maladie qui pourrait être considérée comme anormale, d'ailleurs la santé comme on l'a vu, incorpore en elle la maladie puisqu'on peut se rendre malade par notre tendance à toujours vouloir dépasser nos propres limites. D'autre part, la maladie est une allure de vie, elle n'est pas absence de norme. Et on ne peut pas dire que la santé soit plus normale que la maladie. [...]
[...] On doit donc également noter que si la normalité n'a de n'a de sens qu'en référence au sujet, elle n'est pas purement relative aux conditions de formulation que ce sujet peut poser concernant l'appréciation de son existence. Car le normal et le pathologique prennent un sens absolu pour le sujet concerné par l'appréciation de son état. La difficulté tient donc à ce qu'il faut toujours passer par le sujet pour définir le pathologique, or le sujet a toujours référence à la polarité dynamique de sa vie appréciée positivement ou négativement. [...]
[...] On comprend ainsi que c'est parce qu'il existe des hommes normatifs, des hommes pour qui il est normal de faire craquer les normes et d'en instituer de nouvelles que l'on peut parler d'homme normal L'homme est normal parce que normatif, ces nouvelles normes imposées par les athlètes sont normales pour eux. La norme c'est donc l'activité même de l'organisme. Mais cette illustration met également en lumière une dimension dynamique de dépassement de la vie. Il faut en effet la comprendre comme débordement perpétuel, elle se déploie tendanciellement vers son propre dépassement. Ainsi R. [...]
[...] > La normalité n'a de sens qu'en référence à l'individu normatif, elle est singulière et non universelle et c'est en ce sens que seul l'individu peut déterminer le passage de la santé à la maladie. La différence entre les états de santé et de maladie n'est pas de l'ordre de la normalité. On l'a vu, la maladie n'est pas une variation sur la dimension de la santé. Par suite, nous entendons mettre définitivement fin à cette vue de l'esprit selon laquelle la maladie serait de l'ordre de l'anormalité et donc que la différence entre les états de santé et de maladie serait de l'ordre de la normalité. [...]
[...] CONCLUSION PARTIELLE : Cela n'a donc pas de sens d'opposer brutalement santé et maladie. Ce sont deux concepts qui ne doivent pas s'appréhender à partir d'une conception de la normalité mais de la normativité. C'est en ce sens qu'ils sont à comprendre à partir d'une même plate forme de réflexion. PARTIE III : Explication des erreurs communes relatives aux concepts de santé et maladie : être malade, c'est se sentir anormal. INTRODUCTION PARTIELLE : On constate que la rupture entre les deux concepts s'opère au niveau de l'individu, au niveau de celui qui pâtit de la maladie et est seul juge du passage de l'état de santé à l'état de maladie. [...]
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