La sainteté est une notion ancienne et difficile à définir.
Elle se caractérise d'une part par une étymologie pour ainsi dire laborieuse ; en effet, plusieurs racines peuvent lui être admises, chacune différentes et pourtant proche de sens. Ainsi, le terme ‘saint' vient du latin sanctus, qui désigne un état obtenu par un rite.
On trouve aussi le mot sacer (qui a donné sacerdoce) et qui désigne lui un état initial.
On peut par ailleurs admettre une racine grecque, hagios, (qui a donné hagiographie, c'est-à-dire l'étude de la vie des saints) et qui exprime un interdit religieux que l'on respecte, et peut parfois signifier maudit.
Le mot saint se rapproche également du terme hébreu qadosh, très riche de sens, à la fois proche de ‘sacré', ‘consacré', ms aussi de ‘mis à part', ‘séparé'.
La notion de sainteté semble donc participer du mystère du sacré, et le saint est traditionnellement celui qui tend à la perfection, moins par recherche de l'intégrité que par amour de Dieu ou du divin, dans l'ardeur d'une foi qui pousse au dévouement total et à l'oubli de soi..
Car la sainteté semble intrinsèquement liée à la notion de religion ; on admet ainsi communément que le saint est celui qui réalise dans sa personne et dans sa conduite l'idéal d'une religion.
On peut cependant noter, à la faveur d'une étude approfondie de l'Histoire, religieuse ou non, et des idées, que la notion de sainteté, complexe et ambiguë, a connu et entraîné bien des dérives, de même qu'aujourd'hui, de par le recul de la religion, elle semble ne plus pouvoir avoir la même signification qu'autrefois.
On peut donc se demander quels dangers et dérives l'exploitation de la notion de sainteté et de saint a pu causer, et quel est son avenir aujourd'hui.
Afin de répondre à cette interrogation, il conviendra, dans une première partie, d'étudier la signification de la notion de sainteté en fonction des différentes religions, puis, dans une deuxième partie, quelles limites elle a pu connaître, et enfin, dans une dernière partie, quelles dérives et quel avenir elle peut avoir aujourd'hui.
[...] Le recul de la religion : quelle actualité pour les saints et la sainteté ? Aujourd'hui, avec le triomphe des sciences et du rationalisme d'une part, et malgré la progression constante de ce qu'Adorno nomme l'occultisme de masse d'autre part, la religion n'a de cesse de perdre des adeptes, que ce soit au niveau de leur nombre, de leur assiduité ou de la force de leur foi. Aussi la sainteté perd elle progressivement de son influence sur les gens. En effet, les saints jouaient autrefois un rôle prépondérant dans le quotidien des individus ; patrons de villes ou de professions, ils tenaient une place majeure dans la vie religieuse, elle-même bien plus développée qu'elle ne l'est aujourd'hui. [...]
[...] La sainteté, complexe dans sa signification, a su entraîner des dérives que l'analyse de ses limites permet cependant d'éviter. On peut malgré cela se demander si une nouvelle notion de sainteté, aussi importante que son aïeule, saura un jour faire son apparition dans le monde occidental peu à peu déchristianisé, et quel avenir la sainteté pourra trouver dans les autres religions. Bibliographie - l'Encyclopédie - les "Minima Moralia" d'Adorno - "Les deux sources de la morale et de la religion" de Bergson. [...]
[...] Ils ne sont préoccupés que de leur salut individuel. Ms cet idéal de sainteté ascétique jusqu'à l'héroïsme n'est réservé qu'à l'élite des castes supérieures. Quant aux basses castes et aux hors-castes, ils peuvent atteindre la sainteté par la dévotion, c'est-à-dire une attitude religieuse impliquant une relation d'amour personnel entre l'âme individuelle et le seigneur suprême, l'Adorable. Pour la gde majorités des femmes qui doivent adorer leur époux à l'égal d'un dieu, l'accès à la sainteté se fera par le biais d'un dévouement total à leur conjoint. [...]
[...] La sainteté, une explication à l'irrationnel ? Une autre limite de la sainteté peut se poser dans les termes suivants : peut-on faire de la sainteté l'explication de comportements irrationnels et inintelligibles de certains individus face à la grande masse des foules ? Le caractère de sainteté, cette réponse positive à l'appel divin, n'a-t-il pas été attribué, n'a-t-il pas servi d'explication de fortune face à des comportements pas toujours compréhensibles ? Ainsi, on peut se demander si ce que l'on a nommé recherche de la sainteté, lorsque des individus renoncent au monde et à la compagnie des hommes, n'était pas en fait une simple excuse à des comportements profondément asociaux, marginaux Le saint pourrait-il être, non pas celui qui dans la solitude a cherché à se rapprocher de Dieu, à atteindre la perfection, mais à l'inverse un misanthrope ayant trouvé dans l'isolement le bien-être ? [...]
[...] III La sainteté aujourd'hui : dérives et reconversion A/. L'assimilation au héros, une dérive vers le fanatisme Dans la classification de ce qu'on appelle les grandes aptitudes morales, on dresse traditionnellement un triple portrait : le sage, le héros et le saint. Le saint nous l'avons vu peut être conçu comme celui qui accumule les vertus, le grâces et les mérites, ou bien comme celui qui se détache, se dépouille et se concentre ; il agit dans les deux cas sous l'influence d'une foi le poussant au dévouement, notamment en réalisant dans sa personne et sa conduite l'idéal d'une religion. [...]
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