Le texte qui nous est proposé est extrait des premières lignes du Commentaire de l'Ethique à Nicomaque d'Aristote écrit par Saint Thomas d'Aquin en 1269. Le commentaire s'inscrit dans un genre littéraire précis, celui de la sentencia, exercice où l'auteur cherche à dégager le sens du texte sans le suivre mot à mot. Dans son ouvrage, Aristote présente ce qu'est la vertu et de quelle manière l'on peut accomplir au mieux notre tâche d'homme. Le passage dont il est question ici s'attache avant tout à expliquer, selon la volonté de Saint Thomas, quelle est la place de la philosophie morale dans l'ordre de la raison, quels sont ses objets, et de quelle manière elle prend tout son sens dans la vie civile. L'intérêt du texte est de nous offrir une véritable architectonique de l'ordre dans la raison. La première thèse dégagée par Saint Thomas considère la philosophie de la morale, en association avec une opération de la volonté, comme une science à part entière, en lien direct avec la cause finale ; la seconde prétend que la morale peut se perfectionner dans la vie civile, et qu'elle n'est donc pas une affaire de volonté strictement personnelle. Le point remarquable du texte est de mettre en avant le fait que chaque type d'actes de la vie civile ou individuelle, c'est-à-dire concernant le tout ou sa partie, trouve sa place dans l'une des disciplines rattachée à la philosophie de la morale. Dès lors, l'enjeu est de savoir en quoi la philosophie de la morale, considérée comme une science, peut-être même l'une des plus importantes du point de vue de ce qui est nécessaire à la vie, est influencée par le groupe civil. A ce titre, nous rappellerons des propos énoncés dans La politique qui traduisent une certaine conception de l'homme que nous livre Aristote. Nous pouvons distinguer trois mouvements au sein de ce texte.
[...] La science nous permet de retrouver une vérité grâce à notre connaissance. Cette idée de vertu intellectuelle semble particulièrement correspondre à la philosophie de la morale que Thomas choisit de définir plus rigoureusement dans ce cinquième paragraphe. Nous avons vu à quelle fonction de l'âme correspondait la philosophie de la morale, mais quels sont ses objets ? L'auteur confirme l'intuition que nous avions et emploie l'expression opérations humaines Le problème de cette expression est qu'elle ne désigne pas directement les opérations de la volonté, elle peut aussi bien concerner toutes les actions humaines notamment celles muées par le désir, par la sensibilité, par le mouvement et qui n'ont pas besoin de notre raison. [...]
[...] L'exposé de Thomas est présenté de telle manière que l'on a en tête le schéma d'organisation de la raison. Cette sorte d'incipit, en ajout par rapport au texte commenté, démontre de l'intérêt de la méthode thomasienne qui consiste à respecter, avec beaucoup d'attention, l'auteur commenté afin de nous éclairer sur sa pensée avant de porter un jugement. Ainsi, riche de ce rappel, le lecteur peut réellement entrer dans l'étude du Commentaire de l'Ethique à Nicomaque. [...]
[...] L'homme est actif dans l'élaboration de la philosophie de la morale, car celle-ci fait appel à sa volonté, alors qu'il est passif concernant son accroissement et son décroissement, il n'agit pas conformément à sa volonté, mais conformément à la nature. Thomas propose même une analogie avec la philosophie naturelle pour expliciter au mieux quel est l'objet de la philosophie morale. Si l'homme qui agit volontairement est l'objet de la philosophie de la morale, on peut se demander où va le conduire sa volonté ? Comment savoir si l'on agit seul ce qu'il est bien de faire ? [...]
[...] Ce vocable est forgé à partir de maison (oikos) et de loi (nomos). Dans La politique, cette discipline est considérée comme l'art du maître de maison. L'économique est une partie de la politique au même titre que la famille appartient à la cité, il s'agit en quelque sorte du niveau inférieur. La volonté des individus poursuit un but commun. Le troisième cas est en réalité le degré supérieur du second cas, en effet, il ne concerne pas non plus le groupe domestique, mais le groupe civil. [...]
[...] C'est sur ces questions que Thomas va s'orienter au sein de ce second mouvement. Que devient la philosophie morale dans la vie en société ? Avant d'essayer d'apporter une réponse, attardons-nous sur la conception de l'homme que nous propose Thomas et qui constitue la seconde thèse de ce texte, s'appuyant entièrement sur Aristote. L'homme est naturellement un animal social comment ne pas y voir une référence au zôon politikon de La politique (livre a ? L'homme ne se réalise vraiment que dans la vie de la cité. [...]
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