Comment peut-on faire le mal alors que l'on connaît le bien ? Dans cet extrait de ses « Confessions », longue méditation qui a pour thème sa propre vie, Augustin d'Hippone relate la crise ultime à laquelle l'a mené une longue suite d'errements moraux. Il est désormais certain que la religion chrétienne est vraie, il veut donc renoncer à la chair et au monde pour adopter un mode de vie orienté par sa foi religieuse, mais il ne le peut pas. La volonté n'est-elle pas entièrement en notre pouvoir ? (...)
[...] Augustin réfute également la thèse des manichéens selon laquelle il y aurait 2 natures en nous (le Bien et le Mal) car elle ôte à l'homme la responsabilité de ses actes. Pour lui c'est notre passé qui explique pourquoi nous pouvons entrer en contradiction avec nous-mêmes. L'opposition à soi a son origine dans l'histoire et non dans l'existence d'une double nature. Ensuite, en faisant de l'habitude une autre nature Augustin développe une thèse symétrique à celle d'Aristote, sur l'habitude siège de la vertu. [...]
[...] Saint Augustin, Les Confessions, Livre VIII, Chapitres 5 et 12 : l'origine du mal Commentaire d'un extrait des chapitres 5 et 12 du livre VIII des Confessions de Saint Augustin, posant la question de l'origine du mal. Texte étudié Quand, du fond le plus intérieur, ma pensée eut retiré et amassé toute ma misère devant les yeux de mon cœur, il s'y éleva un affreux orage, chargé d'une pluie de larmes. Et pour les répandre avec tous mes soupirs, je me levai [ ] et j'allai m'étendre, je ne sais comment, sous un figuier, et je lâchai les rênes à mes larmes, et les sources de mes yeux ruisselèrent, comme le sang d'un sacrifice agréable. [...]
[...] Conclusion Augustin veut montrer que l'on ne devient pas croyant par ses propres forces, mais par la grâce de Dieu. Le salut ne dépend ni des efforts ni des mérites de l'homme, mais seulement de la grâce de Dieu. Pour lui, la volonté humaine n'a en effet pas la pleine maîtrise d'elle-même puisqu'elle dépend largement de son passé, et la liberté humaine n'est parfaite que lorsque la volonté humaine concorde avec la volonté divine. L'homme n'est en effet libre que lorsqu'il fait de lui-même le bien, lorsqu'il est ce bien qu'il réalise. [...]
[...] Dans le 2nd Augustin pose sa thèse que toute lutte intérieure est la conséquence de mauvaises habitudes de vie. L'emprise des désirs charnels est le fruit de l'habitude, c'est-à-dire de la répétition d'actes libres. L'homme est prisonnier d'habitudes qui proviennent de l'exercice perverti de sa liberté. Pour Augustin d'Hippone la volonté ne peut se posséder toute entière dans le présent, car le temps oppose la volonté à elle-même sous la forme de l'habitude. La crise du jardin résulte d'un conflit intérieur qui oppose une volonté présente à une volonté passée qui a créé des habitudes, un moi actuel et un moi passé. [...]
[...] Pour lui, la volonté passée ne se sédimente pas dans le corps mais dans l'inconscient c'est-à- dire la partie de l'âme, faite de désirs, de pulsions, de tendances, dont on ne peut disposer car elle échappe à la connaissance. Refoulées hors du champ de la conscience par une puissance de contrôle que Freud appelle la censure les forces inconscientes arrivent cependant à se manifester dans les actes manqués de la vie quotidienne (oublis, pertes d'objet, lapsus), dans les rêves ou les troubles du comportement (bégaiements, blocages La crise dite du jardin d'Augustin peut en ce sens être interprétée comme le produit d'un refoulement. [...]
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