Sciences humaines et arts, sacrifice de soi, esprit de sacrifice, intérêt de l'Etat, sociétés traditionnelles, sens dans nos sociétés, sociétés modernes, cas limite de la guerre
Le sacrifice a un sens originellement religieux. Il désigne alors l'action par laquelle une personne ou une communauté offre à la divinité selon un certain rite et pour se la concilier une victime mise à mort, réellement ou symboliquement, ou des objets qu'elle abandonne ou brûle sur un autel.
Cette notion a été « recyclée » ensuite dans la tradition républicaine, notamment militaire. Par exemple, pendant la Révolution, on fait régulièrement appel au sens de sacrifice des citoyens. Dans le Chant du départ, de Joseph-Marie Chénier (écrivain et homme politique frère du poète André Chénier), un républicain : « La République nous appelle. Sachons vaincre ou sachons périr. Un Français doit vivre pour elle ; pour elle, un Français doit mourir. »
Toutefois, le sacrifice peut revêtir des sens plus larges et des acceptions plus faibles. Ex : on parle du dévouement d'une mère pour ses enfants, d'un sportif pour son équipe, etc.
[...] Chez les pacifistes, l'objectif du 0 mort ou du risque 0 est dangereux pour la société. Il est porteur d'une forme de désensibilisation > Clausewitz : "Un conquérant aime toujours la paix. Il préfèrerait nous envahir sans rencontrer de résistance." > Il faut donc se méfier du pacifisme absolu. De façon moins dramatique mais parfois douloureuse, la crise actuelle des finances publiques fait renaître l'impératif de sacrifice consenti par le contribuable pour réduire l'endettement. En allemand, le mot "dette" se dit Schuld, qui signifie aussi "faute" > lien avec la vieille notion chrétienne de sacrifice empreint de culpabilité. [...]
[...] Or, le citoyen n'est plus juge du péril auquel la loi veut qu'il s'expose ; et quand le prince lui a dit : 'Il est expédient [utile] à l'Etat que tu meurs.', il doit mourir, puisque ce n'est qu'à cette condition qu'il a vécu en sûreté jusqu'alors, et que la vie n'est plus seulement un bienfait de la nature, mais un don conditionnel de l'Etat." B. La modernité va donc faire refluer le sens du sacrifice dans la sphère mondaine Les sociétés modernes vont développer d'autres comportements de nature sacrificielle, au-delà de la sphère militaire. En témoigne par exemple, dans la structuration du corps social, l'importance de la famille comme organisme auquel ses membres se dévouent. Comme le pélican qui prend de son propre ventre pour donner à ses enfants (d'ailleurs un symbole du Christ dans l'iconographie chrétienne). [...]
[...] Le sacrifice de soi a-t-il encore un sens dans nos sociétés ? Champ lexical : sacrifice financier (impôts, art DDHC), sacrifice dans la guerre Différents degrés de sacrifice. Engagement, don, humanitaire Intro : Le sacrifice a un sens originellement religieux. Il désigne alors l'action par laquelle une personne ou une communauté offre à la divinité selon un certain rite et pour se la concilier une victime mise à mort, réellement ou symboliquement, ou des objets qu'elle abandonne ou brûle sur un autel. [...]
[...] Ex : le sacrifice de Leonidas Ier de Sparte lors de la bataille des Thermopyles face aux Perses (menés par Xerxès), en -480. Avant la guerre contre les Perses, les Spartiates consultent l'oracle de Delphes qui leur dit : soit vous perdrez votre roi, soit vous serez conquis par les Perses. Au moment de la bataille effective, les Spartiates sont trahis par l'un d'entre eux et mis en position très difficile. Pour sauver leur vie, Léonidas renvoie la majorité de ses soldats chez eux et meurt en héros en résistant jusqu'au bout face aux Grecs. [...]
[...] La notion de sacrifice semble ne plus avoir de sens, ie ne plus correspondre à une réalité et ne plus être digne d'exister. Pourtant, dans le cas limite de la guerre, le sacrifice paraît indispensable à la survie de la collectivité, comme le note Robert Redeker dans Le Soldat impossible (cet essai montre bien l'opposition entre l'individualisme des sociétés et l'idéal militaire, largement dévalorisé). Cf. aussi Mourir pour la patrie ? d'Éric Desmons (2001). On peut se demander : comment rendre acceptable - sinon désirable - dans nos sociétés aux individus leur propre mort dans l'intérêt de l'Etat ? [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture