Le sacrifice, dans son acception la plus couramment utilisée, est l'acte religieux par lequel une victime est immolée par un officiant au nom d'un sacrifiant qui établit de ce fait une relation avec la divinité. Le sacrifice est alors à voir comme une offrande de l'homme à Dieu dont on attend, en retour, la bienveillance. Ce peut être aussi une manière de prouver sa foi, au même titre que le sacrifice d'Abraham. Le sacrifice a aussi une dimension spirituelle, morale et individuelle en tant que don de soi ?d'une privation en quelque sorte? mais dont on attend in fine un équilibre (...)
[...] Ainsi, la situation pourtant plus inégalitaire que peut très bien devenir la justice dans ce cas. Il apparaît évident à travers cet exemple que le problème du juste sacrifice est surtout un problème lié aux différentes manières que les hommes ont de percevoir le monde, ce qui se traduit dans notre cas par des lois qui diffèrent selon les cultures à l'exemple de la peine de mort. Le philosophe John Rawls, conscient du problème suscité par le pluralisme des conceptions du bien qui est d'ailleurs le fondement du libéralisme prône en premier lieu une tolérance qui est selon lui la seule solution raisonnable au problème de la différence des conceptions de la vie et du salut : chacun est libre de croire ce qu'il veut mais il ne doit pas chercher à l'imposer aux autres, que ce soit en matière de religion, ou des différentes conceptions de la vie. [...]
[...] Est-ce qu'un crime, quel qu'il soit, suffit à justifier un sacrifice humain ? Le sacrifice humain est vu comme juste dans la conception utilitariste de la société car il permet de maximiser le bonheur collectif. Mais qu'en est-il dès lors que l'on sort de cette conception de la société qui semble entrer en contradiction avec la conception moderne que nous nous faisons de la justice et notamment quant à la question de l'égalité. Est-il juste de sacrifier un homme au profit de tous les autres ? [...]
[...] Il en résulte un échange juste (sauf problème lié à la valeur en argent de ce mouton). Or justement, le principe d'égalité est soutenu par Hobbes dans le Léviathan (mais par de nombreux autres philosophes également : Rousseau, Locke, Kant ) Selon lui, les humains sont par nature égaux. Si l'un est plus fort, l'autre sera plus intelligent. Le plus faible, par la ruse, peut tout à fait tuer le plus fort. C'est sur cette base qu'un contrat social devient possible et qui constitue une solution pour mettre fin à l'état de guerre, au tous contre tous Chaque homme renonce donc à son droit de nature (c'est-à-dire la liberté que chacun a d'user de sa propre puissance, en vue de sa propre conservation) en vue de la transférer à l'Etat. [...]
[...] On peut très bien, en appliquant le principe de Pareto considérer qu'il est préférable de sacrifier une personne régulièrement si cela est profitable à l'ensemble de la société, même si cela est une injustice en soi. Du point de vue du reste de la société par contre, on peut considérer qu'il y a justice au sens où Platon l'entend (bien qu'il ne soutienne absolument le point de vue explicité), c'est-à-dire une organisation de la société censée garantir la stabilité du corps social tout en étant au service de la totalité à laquelle elle s'applique. [...]
[...] Le contrat social au sens où Hobbes l'entend est donc un juste sacrifice : celui des hommes qui renoncent ou du moins qui transmettent leur droit à l'Etat. C'est le prix à payer pour que la masse des hommes puisse s'assembler et constituer un peuple, c'est-à-dire un corps social, un ensemble unifié, régulé et composé par les hommes. Le juste sacrifice qui vise à constituer une société solidaire est un sacrifice dans le sens où les hommes renoncent à leur droit, mais c'est aussi un sacrifice dans la mesure où les hommes doivent dépasser leur insociabilité, leur égoïsme et leur individualisme. [...]
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