Temps présent, perception du temps présent, valorisation du présent, chronocentrisme, place de l’individu
« C'est du seul présent que l'on peut être privé car c'est le seul présent qu'on a et l'on ne peut pas perdre ce que l'on a point. » nous dit Marc Aurèle dans Pensées pour moi-même (1992). Très tôt les stoïciens ont défendu une survalorisation du présent, l'idée que seul cet intervalle de temps à la fois éphémère et en répétition perpétuelle mérite d'être analysé pour comprendre les grands enjeux de la vie humaine. C'est bien à cette version sacralisée du présent, à ce sacre du présent qu'il convient donc de s'intéresser
[...] Il serait donc pris en étau entre le passé et l'avenir. Elle émet alors l'hypothèse selon laquelle le présent, pris dans un parallélogramme de forces pourrait être amené à s'épuiser. Selon son hypothèse, la place du présent n'irait alors pas de soi. L'auteur présente un exemple à l'appui de son raisonnement : elle observe l'évolution du travail dans la société. Chez l'Homme archaïque, celui-ci est caractérisé par la répétition, la quotidienneté. On parle alors de labeur, c'est-à-dire de production sans but ni finalité, uniquement destinées à la consommation. [...]
[...] Laïdi appelle « une béance néfaste ». Alors que cette distance temporelle était auparavant vécue comme une continuité, elle appelle aujourd'hui une satisfaction immédiate. La recherche de cette urgence, à l'image d'une accélération et d'une amplification des flux de transports qui rendent le voyage de plus en plus immédiat, n'est plus à nier. Cependant, il convient d'observer certaines causes et conséquences. Tout d'abord face aux clivages sociaux, au manque d'avenir, ressenti par certains groupes, les désirs de satisfaction immédiate que B. [...]
[...] L'exil fiscal montre par exemple ce mouvement de déliaison de la citoyenneté à l'intérêt national pour mieux se rattacher à l'intérêt individuel. Par ailleurs, alors que l'histoire nationale se pensait auparavant sur le mode du récit, ancré dans une histoire, l'acteur est désormais inséré dans un réseau. Paul Ricoeur définit deux critères permettant d'observer cette transformation. Tout d'abord l'existence d'une nouvelle ère : celle de la mondialisation dont les marqueurs peuvent être la chute du mur de Berlin ou encore l'avènement de l'ère internet. Par ailleurs, l'existence d'une nouvelle unité de mesure qui est celle de l'urgence constitue le second critère. [...]
[...] L'intégration ne suffirait plus à rompre avec la culture d'origine, ce qui produirait une difficulté à se référer à une passé commun. L'absence de bases communes révèle une difficulté à se percevoir comme coauteurs d'un horizon de sens, et influence la politique dans la mesure où celle-ci ne peut plus s'élaborer que vis-à-vis d'un présent commun. Face à une société qui ne se projette plus, où ne peut que mieux comprendre cette méfiance vis-à vis de l'avenir de groupes déjà confrontés à la précarité que l'on énonçait plus tôt. [...]
[...] Enfin, l'organisation de la société en réseau laisse des individus atomisés car dépourvus de sens commun et de dispositifs de médiation. Comme le montre Z. Laïdi « finances, consommation et loisirs tendent à s'inscrire dans cette construction du jour sans fin, d'un jour ou si rien ne s'achève, rien ne peut recommencer. » Dans ce présent perpétuel, porté au rang du sacré, une seule frontière du temps semble encore résister : celle du corps dont on recherche encore et toujours l'immortalité. [...]
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