La « culture de rue » ou les « arts de la rue » se présentent sous des formes très variées, couvrant un champ très large allant du théâtre à la danse, du cirque à la musique ou encore aux arts plastiques. Lieu traditionnel d'expression de la culture en milieu urbain, la rue a pourtant perdu cette fonction en raison de l'importance prise par d'autres activités urbaines envahissantes parmi lesquelles les transports occupent une place importante. Elle est cependant restée un espace public, ouvert à la création culturelle. Cette dernière entre souvent en concurrence directe avec les lieux clos consacrés à la culture. Par lieux « clos », il faut comprendre non des espaces réservés à une élite, mais des lieux confinés, institutionnalisés qui se différencient ainsi de l'espace ouvert et public qu'est la rue (...)
[...] Les titres de certaines de ces études mettent en avant ce trait : L'offensive rap d'O. Cachin ; Le rap ou la fureur de dire de G. Lapassade et P. Rousselot. Il est certain que la multiplication des tags sur les murs participe de la volonté d'enfreindre l'ordre établi et, plus précisément, l'interdiction d'inscriptions sur les murs de la ville. Ces pratiques relèvent de ce que l'on appelle les incivilités et participent à la naissance d'un sentiment d'agression et d'insécurité. Cette appréhension du hip-hop est pourtant paradoxale. [...]
[...] Ce succès confronte le hip-hop à un paradoxe. Alors qu'il se développe parmi les have not, c'est-à-dire les sans-rien, et qu'il se veut leur musique, le succès de certains rappeurs a provoqué une rupture avec les racines de ce courant. Ce risque est sans doute le plus important de ceux auxquels est confronté le hip-hop, au risque d'y perdre son identité. La publicité a rapidement compris toute l'importance de cette nouvelle forme de culture pour la promotion et la vente de produits destinés à un public qui se veut branché Plus largement, les médias, après les industries culturelles, ont perçu la force de ce courant. [...]
[...] Le débat lancé sur l'accès au statut de culture du hiphop donne ainsi lieu à de virulentes critiques quant au rôle de l'État dans la reconnaissance de nouvelles formes culturelles (L'État culturel, de Marc Fumaroli). Le hip-hop demeure cependant pour beaucoup cantonné dans le rôle d'une sous-culture contestataire et se présente sous la forme d'un art pauvre ou d'une culture barbare Le débat entre culture savante et culture populaire trouve ici à exprimer sa permanence. De plus et surtout, la récupération du mouvement par le pouvoir politique se traduit par une perte de la puissance contestataire du hip-hop. [...]
[...] À l'origine se trouve essentiellement la volonté de leurs auteurs de se réapproprier l'espace public et, par la répétition d'une signature chez les taggeurs, de valoriser à l'aide d'un pseudonyme un moi rabaissé par l'exclusion sociale. Le tag est donc un acte ambigu. S'il ne comporte aucune revendication politique expresse, il doit être compris comme une réaction individuelle contre la société de consommation et la propriété, ce pilier des sociétés capitalistes que, dans ce but, il cherche à dégrader LA DANSE Le mouvement hip-hop couvre en deuxième lieu le champ artistique de la danse avec ce que l'on appelle le smurf, le break ou la breakdance. [...]
[...] Le hip-hop est aujourd'hui à une étape importante de son développement. Son succès économique certain pourrait paradoxalement le maintenir dans son statut de sous-culture, alors que son origine et sa signification politique pouvaient lui donner vocation à devenir une culture à part entière. [...]
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