Fondement de la thèse (base de l'argumentation de Rousseau) : une certaine conception de la nature humaine ainsi que du rapport que l'homme entretient avec la réalité ? que l'on peut résumer ainsi : en définitive, la réalité est désolante ; l'homme n'est pas vraiment chez lui dans le monde comme le laisse à penser la contradiction qu'il y a entre le caractère illimité de ses aspirations ou désirs et le caractère limité des possibilités qui lui sont données de les satisfaire (...)
[...] Or, Rousseau renverse le point de vue du sens commun et affirme que la satisfaction est une PERTE. 2ème paradoxe : pour le sens commun, le bonheur correspond à la satisfaction du désir (plénitude) car, avant, nous sommes dans l'attente, la tension, la souffrance. Or, Rousseau affirme au contraire que le bonheur se trouve précisément dans le fait de désirer et, donc, dans l'attente de la satisfaction, dans la tension vers l'objet susceptible de nous satisfaire. C'est alors que l'on doit préciser les fondements de la thèse de Rousseau, ce qui lui permet de justifier son point de vue. [...]
[...] L'imagination est la faculté de produire des images, des fictions. Elle a une dimension reproductrice (nous donne les moyens de reproduire, sous la forme d'une image, une réalité extérieure), mais aussi une dimension créatrice : elle est au principe de la créativité humaine. Désirer, c'est enclencher l'imagination. Car l'objet du désir est toujours d'abord construit dans l'imaginaire, il est fantasmé et, comme tel, non dépendant des limites objectives du réel. Cet objet fantasmé du désir varie d'ailleurs avec le désir lui-même, avec son intensité, avec ce qu'il récolte de ci de là de l'expérience du monde que fait le sujet désirant. [...]
[...] Alors certes Rousseau a raison de dire que le désir enchante la vie malheur à qui n'a plus rien à désirer ; mais il ne l'enchante pas au prix d'un retrait du réel, sur fond d'un désespoir sans borne à l'égard de la condition qui est faite réellement à l'homme. Non, le désir enchante le monde parce qu'il confère aux choses et aux êtres de ce monde une valeur permettant d'entretenir avec eux un rapport positif. Le désir est une demande. Or, Rousseau refuse de le voir ainsi. Plutôt qu'une demande, il est fuite. [...]
[...] Il est alors illusoire de penser que l'homme trouvera à être heureux en satisfaisant ses désirs. Puisque cette satisfaction est impossible. Croire cela c'est se condamner au malheur. Pour sortir de cette contradiction (illimité/limité), l'homme recourt à l'une de ses facultés : l'imagination (qui s'ajoute à la faculté e vouloir et la faculté de connaître). Rousseau nous la présente comme une force consolante Simplement consolante, et non pas salvatrice, pourquoi ? Parce que l'écart entre la démesure du désir et les limites que nous imposent le réel est source de désespoir. [...]
[...] Alors, bien sûr, tout ceci est illusoire. Mais seule cette sorte d'illusion est susceptible de nous procurer quelques joies tellement la réalité et ce que nous pouvons y faire est limitée. 1ère justification (fondée sur une analyse anthropologique ; analyse de la nature humaine) En l'homme, nous dit Rousseau, il y a une avidité c'est-à-dire un désir sans limite, jamais assouvi. La démesure, la surenchère sont des caractéristiques essentielles du désir et, en conséquence, de l'homme en tant qu'il désire. [...]
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