Dans ce texte extrait de l'Émile ou De l'éducation, Rousseau prend acte de ce qui rend les hommes malheureux et déduit les causes de notre « misère » sa définition du bonheur ainsi que le moyen d'y parvenir : si le bonheur est bien cet état de satisfaction sans reste que ne peut que ressentir un être dont la puissance égale les désirs, alors, pour être heureux, il faut et il suffit de travailler à régler nos désirs sur nos facultés, c'est-à-dire de s'efforcer de ne désirer que ce qu'il est en notre pouvoir d'acquérir ou d'accomplir (...)
[...] Alors et alors seulement, plus rien ne laissera pour nous à désirer. Car enfin, pourquoi les hommes sont-ils malheureux ? Parce qu'en tant qu'êtres sensibles, ils éprouvent nécessairement des désirs qui sont pour eux autant de souffrances aspirant à être résorbées. Or le seul moyen de faire disparaître la douleur du manque, c'est de satisfaire le désir. Encore faut-il cependant pouvoir le faire : si le moyen ou les capacités manquent, nous ne pouvons que nous sentir malheureux. Il suffirait alors pour être heureux de réduire à néant l'écart entre ce que nous pouvons et que nous voulons. [...]
[...] Sans aucun doute, désirer trop rend malheureux ; il n'y a pas eu un philosophe pour manquer de le souligner. Cependant, désirer trop peu est aussi source de malheur : voila le point où Rousseau parait novateur eu égard aux deux principales sagesses antiques. Qu'est-ce à dire ? Si le désir est trop facile à satisfaire, si sa satisfaction ne nous demande aucun effort, bref, s'il est au-dessous de notre puissance une partie de notre être demeurera inemployé, nous ne mettrons pas en œuvre toutes nos capacités et nous ne pourrons du même coup nous sentir pleinement satisfaits. [...]
[...] ROUSSEAU, Émile ou De l'éducation. Introduction : Dans ce texte extrait de l'Émile ou De l'éducation, Rousseau prend acte de ce qui rend les hommes malheureux et déduit les causes de notre misère sa définition du bonheur ainsi que le moyen d'y parvenir : si le bonheur est bien cet état de satisfaction sans reste que ne peut que ressentir un être dont la puissance égale les désirs, alors, pour être heureux, il faut et il suffit de travailler à régler nos désirs sur nos facultés, c'est-à- dire de s'efforcer de ne désirer que ce qu'il est en notre pouvoir d'acquérir ou d'accomplir. [...]
[...] Voilà donc bien en quoi consiste notre misère : misérables, nous le sommes quand les désirs que nous éprouvons outrepassent notre capacité à les satisfaire. Peu importe ici du reste que la limite rencontrée lors de notre quête soit due à la faiblesse de notre constitution physique, à notre insuffisante intelligence, à notre manque d'entregent ou de moyens financiers, etc. Au fond, quelle qu'en soit la cause, le fait est là : je veux quelque chose et je ne peux, quoi que je fasse, l'obtenir ; me voilà donc malheureux. [...]
[...] Cependant, si la fin à viser est ici aussi bel et bien le bonheur, les moyens d'y parvenir que préconise Rousseau vont quelque peu s'écarter de chacune de ces doctrines antiques. À la lumière de ce qui a été dit précédemment sur les causes de notre malheur, on pourrait légitimement penser que pour être heureux il suffit de diminuer nos désirs : le nombre de nos désirs les rendant impossibles à satisfaire tous, il suffirait d'en limiter la prolifération. Nous pourrions alors concentrer nos efforts et satisfaire le peu de désirs que nous aurions plus aisément, étant bien entendu qu'on se limiterait alors à des objets faciles à atteindre. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture