Dans L'Emile, Rousseau prolonge, à travers le thème de l'éducation, les enseignements du Contrat social : après avoir décrit les conditions qui peuvent rendre l'autorité politique légitime, l'auteur établit le plan d'une éducation idéale permettant de former des citoyens aptes à vivre dans une société contractuelle. Comment, en effet, éduquer l'individu dès le plus jeune âge, afin qu'il devienne un citoyen, c'est-à-dire un individu libre ? Comment donner à l'individu l'habitude d'obéir sans entraîner celle de se soumettre ? Comment donc éviter les effets pervers de toute autorité : la servilité ou la révolte ? (...)
[...] De même que le double écueil du caprice et de l'obéissance n'est évité qu'en substituant la nécessité à l'autorité, de même l'éducation du jeune enfant par la raison risque de faire de lui un individu suffisant et rebelle. En voulant calquer l'éducation de l'enfant sur le modèle de l'adulte, on risque de produire le contraire de l'effet escompté. Cette ultime partie du texte se déploie elle-même en plusieurs étapes. En premier lieu Si les enfants élevés Rousseau formule une hypothèse, sous la forme implicite d'un syllogisme, qui souligne encore plus l'absurdité de l'éducation rationnelle. [...]
[...] Ainsi, du fait que l'enfant est inapte à entendre les exigences morales, cela ne servirait à rien de les lui inculquer : elles resteraient vides de sens et, surtout, l'enfant risquerait de les remplir de fausses représentations. Moralité il faut donc détruire”) : il convient de ne pas utiliser avec l'enfant le vocabulaire de la morale et des adultes. Cette remarque a une portée générale et peut revêtir la forme d'un principe : il ne sert à rien de lui apprendre des mots, des signes qui ne représentent aucun concept pour lui. Rousseau développe ici une conception intéressante du langage dans son rapport à l'autorité. [...]
[...] Rousseau, Emile ou De l'éducation, Livre II : l'éducation Commentaire philosophique d'un extrait d'Emile ou De l'éducation de Jean- Jacques Rousseau (Livre dans lequel ce dernier examine le rôle que doit jouer la raison dans le processus éducatif. Texte étudié Je reviens à la pratique. J'ai déjà dit que votre enfant ne doit rien obtenir parce qu'il le demande, mais parce qu'il en a besoin, ni rien faire par obéissance, mais seulement par nécessité. Ainsi les mots d'obéir et de commander seront proscrits de son dictionnaire, encore plus ceux de devoir et d'obligation ; mais ceux de force, de nécessité, d'impuissance et de contrainte y doivent tenir une grande place. [...]
[...] Ce modèle de " contrat pédagogique " (ibid., p. qui fonde l'autorité du gouverneur sur des bases solides, définit une riche figure de l'homme authentique, incarnée dans la figure du citoyen. Le problème de l'éducation, tel qu'il apparaît dans ce texte, n'est pas tant un problème technique de pédagogie, comme cela est de plus en plus le cas à notre époque (on parle de sciences de l'éducation), qu'une " recherche psychologique sur la nature de l'homme " (Robert Derathé, L'homme selon Rousseau, in Pensée de Rousseau, p. [...]
[...] On retrouve ici une structure binaire où s'entrechoquent de grandes distinctions conceptuelles. Rousseau circonscrit, en premier lieu, les notions dont l'éducateur dispensera l'enfant ("Ainsi obligation"); puis celles qu'il aura à charge d'inculquer à son élève ("mais place"). Quelles sont ces notions qu'il est inutile et nuisible d'inculquer au jeune apprenti ? Commandement, obéissance, devoir, obligation. Ces termes appartiennent manifestement au registre moral et politique; ils concernent l'autorité; ils ont en commun de renvoyer à la liberté et à la raison de l'individu, facultés qui ne sont pas encore épanouies chez l'enfant. [...]
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