Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes
La tradition philosophique occidentale s'est montrée le plus souvent hostile aux passions, les accablant de tous les maux, notamment d'une irrationalité perverse et dangereuse, et nous gratifiant ainsi de textes plus critiques qu'analytiques à son égard. Rousseau (1712-1778) se demande au contraire si celles-ci ne nous sont pas bénéfiques et, en bon philosophe des Lumières attentif aux valeurs de la raison, il va même jusqu'à leur attribuer des vertus cognitives (...)
[...] En effet, Rousseau, concentré sur son projet de défense des passions, semble oublier le danger à l'origine duquel elles peuvent être si elles prennent le dessus sur la raison. Les passions, lorsqu'elles mobilisent la totalité de l'activité d'un homme, peuvent faire de celui-ci une victime, en cela qu'elles l'aveuglent et le manipulent, et qu'il se retrouve ainsi passif sous leur emprise, et donc assujetti, ce qui constitue une menace pour la liberté et justifie les mots de Kant : " la passion est une maladie En fait, c'est en ne voyant dans les passions que de simples désirs et de simples craintes que Rousseau commet une erreur par omission, en cela qu'il ne s'avise pas du fait que, par l'obsession qu'elles sont susceptibles de générer, elles sont susceptibles d'éloigner inexorablement l'homme des chemins de la raison. [...]
[...] Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes : les passions Commentaire philosophique d'un extrait du Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes de Rousseau, consacré aux passions. Texte étudié "Quoi qu'en disent les moralistes, l'entendement humain doit beaucoup aux passions, qui, d'un commun aveu, lui doivent beaucoup aussi. C'est par leur activité que notre raison se perfectionne ; nous ne cherchons à connaître que parce que nous désirons jouir ; et il n'est pas possible de concevoir pourquoi celui qui n'aurait ni désirs ni craintes se donnerait la peine de raisonner. [...]
[...] Il démontre en quoi celles-ci contribuent très fortement à la mise en mouvement de nos dispositions intellectuelles. Le raisonnement et la connaissance sont des manifestations de l'activité de l'entendement. Remontant à la source de l'activité cognitive, Rousseau constate il n'est pas possible de concevoir pourquoi celui qui n'aurait ni désirs ni craintes se donnerait la peine de raisonner " ( l. 4-5 ) et que, par la il faut bien admettre que " nous ne cherchons à connaître que parce que nous désirons jouir " ( l. [...]
[...] Dans cette optique, Rousseau montre non seulement que " les passions ( . ) tirent leurs origines de nos besoins " ( l. 6 mais aussi que les passions connaissent une évolution positive sous l'influence de l'entendement humain, évolution rendue possible par le fait que " les passions ( . ) tirent leur progrès de nos connaissances " ( l. 5-6 Donnons un exemple pour illustrer le propos de Bergson : Un passionné de jardinage, va approfondir ses connaissances en apprenant le nom des arbres et la meilleure façon de les soigner; c'est sa passion qui le conduit donc à élargir le champ de ses connaissances, et à exploiter les ressources de son esprit. [...]
[...] Et il explique finalement la seconde composante de sa thèse ( à 13 à savoir que les passions doivent beaucoup à l'entendement humain, ce qu'il fait en remontant aux sources de l'humanité par l'évocation de l'homme sauvage ( à 10 ) et par la mise en évidence, à la fin de l'extrait, de ce qui différencie fondamentalement l'homme et l'animal ( à 13 Penchons nous sur la première partie de l'extrait, où se trouve énoncée la thèse de Rousseau. Rousseau se démarque d'emblée de la pensée traditionnelle, moralisatrice, qui condamnait unanimement les passions. Pour lui, il est clair que " l'entendement humain doit beaucoup aux passions, qui d'un commun aveu, lui doivent beaucoup aussi " ( 1. [...]
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