Dans la mesure où Rousseau reprend à son compte, à titre d'hypothèse, l'existence de ces deux états successifs (état de nature, état civil), il est tenu de produire pour son argumentation une description tout imaginaire de l'état de l'homme dans la nature. Tout imaginaire à double titre : d'une part parce que ce qui s'offre empiriquement à son regard ne saurait être que l'homme dans la société, l'état de nature étant totalement révolu ; d'autre part, et plus fortement, parce que l'état de nature, tout supposé qu'il soit par Rousseau, n'a jamais existé et n'est qu'un mythe (...)
[...] Comme on vient de le voir, le changement au niveau des principes (substituer la justice à l'instinct) a des effets très importants sur l'homme : des effets liés à un passage. Comme on passe de l'état de nature à l'état civil, on passe (se succède de l'impulsion et de l'appétit à la voix du devoir et au droit. Mais Rousseau rend dramatiques les effets du passage en ne se contentant pas d'énumérer des notions, mais en marquant le changement au niveau de l'homme lui-même en train d'agir. On quitte le registre abstrait pour une description plus concrète, davantage centrée sur l'homme. [...]
[...] Mais aussi dans le sens d'apprécier la valeur de ces actions -selon des principes- ce qui relève de la moralité au sens actuel d'axiologie. La classification se poursuit. Avant : l'impulsion physique impulsion dans le sens de pousser, ce qui désigne bien une force à laquelle on ne peut résister), l'appétit (au sens classique de désir, c'est-à-dire le mouvement qui porte à satisfaire in instinct). Après : la voix du devoir (qui désigne non plus une poussée nécessaire, mais un appel, de l'ordre de l'injonction dois- et non de l'impulsion avec laquelle on ne dialogue pas) qui nous fait entrer dans l'ordre de la parole, donc à la pensée d'un interlocuteur en nous ce qui nous dédouble, évoque l'idée même de conscience. [...]
[...] Il n'est pas inscrit comme un développement nécessaire que s'installent l'inégalité, l'opposition, ou la licence : au contraire, l'homme est responsable de son histoire, de son élévation, comme de sa chute. Plus il s'élève, plus il réalise l'humanité en lui ; plus il s'abaisse, plus il dégrade son humanité, au point d'atteindre une inhumanité inférieure même à l'animalité qui est celle de l'état de nature. Mais le passage de l'état de nature à l'état civil assure pour l'essentiel le changement de l'animal engourdi stupide à l'être intelligent (capable de lier les notions). Ce qui est limité borné devient ouvert. [...]
[...] (Rousseau, Du contrat social, Livre chapitre Commentaire Le texte est tout entier consacré au passage de l'état de nature (c'est-à- dire le degré zéro de la civilisation) à l'état civilisé. Le Plan : - Ce que provoque ce passage - Le bilan positif de ce passage Dans la mesure où Rousseau reprend à son compte, à titre d'hypothèse, l'existence de ces deux états successifs (état de nature, état civil), il est tenu de produire pour son argumentation une description tout imaginaire de l'état de l'homme dans la nature. [...]
[...] Les facultés, qui n'étaient qu'en germe, s'exercent dans le commerce que les hommes entretiennent entre eux. L'exercice lui-même entraîne le développement. L'âme, composée à la fois des idées - l'homme est un être de raison - et des sentiments l'homme est aussi un être de cœur s'élève La classification que l'on percevait auparavant comme un avant et un après, laisse la place ici à une topologie : un état premier (l'état de nature) sur lequel s'établit un état second (l'état civil). [...]
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