Dans le Discours sur l'origine de l'inégalité parmi les hommes et le Contrat social, Rousseau dresse le portrait d'une société qui met à mal les biens les plus élémentaires de l'Homme. L'homme social est donc corrompu car, avant d'exister en tant qu'être social, il est considéré dans un état primitif désigné par la philosophie du XVIIe et XVIIIe siècle sous le nom d'état de nature. Dans cet état de nature l'homme est pensé comme dépourvu de tous les artifices de la société civile. Au-delà même de la société civile, c'est en réalité l'interaction avec d'autres hommes qui pousse celui-ci dans une cascade de réactions en chaîne qui le mèneront à sa perte. La question posée par Rousseau dans le DOI et dans la perspective d'une démarche anthropologique est alors la suivante : comment expliquer ce phénomène ? Comment d'un homme primitif qui connaît le bonheur est-on parvenu à un homme qui partout est « dans les fers » ? (...)
[...] Pierre Manent, Histoire intellectuelle du libéralisme, page 146 C'est alors que l'inégalité vécu comme un mal naît entre ceux qui s'assemblent. Nul ne peut être l'égal de l'autre dans tous les domaines et cela génère vanité et envie. La propriété intervient alors, non pas comme cause direct de l'inégalité, mais comme moyen de tourner les évènements à son avantage en possédant plus que son voisin. L'homme ne se ne se contemplait alors plus par ses propres yeux mais dans le regard des autres où il perdit à jamais son identité. [...]
[...] Ce n'est donc pas la liberté de l'homme qui est en cause dans le passage de l'état de nature à l'état civil mais un simple accident, un évènement fortuit qui aurait pu fort bien ne jamais arriver DOI I p221 éd. GF. C'est ainsi que la nature, de plus en plus hostile, accrue les difficultés de subsistance de l'espèce et poussa l'homme à toujours plus d'ingéniosité. C'est alors que surmontant ces difficultés il lui fut possible de connaître sa relative supériorité. [...]
[...] Puis vient l'âge dit de la cabane une société naissante où les hommes, sans être soumis à des lois, se regroupent en familles. C'est un âge durable et heureux. Un exemple assez proche de cette condition serait celui des peuples bochimans. Cependant ce sont ces simples interactions entre hommes qui pousseront ceux-ci, d'abord dans les jeux et les arts, à prendre plaisir à la comparaison. Or le jeu de la comparaison est le malheur et le péché originel de nos société. [...]
[...] En outre et même si cela était possible, il convient de préciser que les progrès des hommes, qui s'inscrivent eux dans un contexte historique, ne permettent aucun retour en arrière. Un bon exemple de cette situation serait de dire qu'il est impossible de retrouver une innocence perdue, telle celle de l'enfant, une fois parvenu à l'âge adulte. Enfin, il faut toujours garder à l'esprit que cet état n'est surement pas, dans la description qui en est faite par Rousseau, un âge d'or. [...]
[...] Rousseau l'a démontré, l'inégalité telle qu'on l'observe dans la société civile n'est pas fondée en nature. Ainsi, il est impératif de se demander s'il n'est pas possible de combattre le système politique qui se réclame de cet absolu métaphysique et de trouver des institutions qui fondent leur autorité sur d'autres principes que l'inégalité et la nature. Tels sont les principes d'égalité et d'universalité aux fondements de la loi comme convention humaine. L'exigence politique de Rousseau est avant tout une exigence morale voilà pourquoi, il a entreprit la quête d'un état de bonheur et d'innocence brute indépendant de tout contexte historique : c'est l'état de nature. [...]
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