Selon les rationalistes, il faut nécessairement que certains principes, certaines idées qu'on ne peut tirer d'aucune expérience par les sens, soient présents dans notre esprit. Sinon, comment expliquer notre conception de l'infini, de l'infiniment grand ou petit, d'universalité, de totalité... alors que nous ne pouvons jamais l'appréhender avec nos sens ? (...)
[...] En effet, sans cette distinction, on pourrait considérer comme connaissance un discours appris, lu, entendu et qui a donc nécessité l'intervention des sens, mais pas l'expérience sensible. Nous traiterons d'abord la thèse rationaliste des idées innées, lui répondrons par celle de la "tabula rasa" défendue par les empiristes, avant de nuancer grâce à la vision de Leibniz des idées innées. Les idées innées Définition Les idées innées sont, pour les rationalistes comme Descartes, des principes et des idées présents a priori dans l'esprit humain, qui ne dépendent pas de l'expérience sensible, mais qui la gouvernent pour en tirer des connaissances véritables, objectives. [...]
[...] Dissertation : Les sens ne sont-ils pas suffisants pour nous fournir toutes nos connaissances ? Nos sens ne sont-ils pas la source de nos connaissances ? En effet, ils semblent être la façon la plus simple d'en acquérir, le rapport au monde inné que nous possédons tous avant même la réflexion. De plus, sans les sens, nous ne pouvons rien expérimenter ni apprendre, ils sont donc nécessaires à nos connaissances, puisqu'on ne peut en acquérir sans eux. Cela dit, sont-ils suffisants pour nous fournir toutes nos connaissances, à eux seuls ? [...]
[...] Relativisation Cette thèse pose de nombreuses questions, dont celle de la provenance de ces idées. Ceux qui l'ont combattue l'ont souvent fait de peur qu'on essaie de leur faire admettre l'existence d'une puissance supérieure qui les aurait placées dans notre esprit, ou même que l'existence de Dieu soit admise comme une des ces idées innées, comme une évidence allant de soi. Cela ouvre la porte au despotisme intellectuel, religieux, politique . Car qui peut décider quelles idées sont évidentes et "innées", si ce n'est le pouvoir en place ? [...]
[...] Il faut donc admettre que notre esprit doit analyser les informations fournies par nos sens avant d'en tirer une réflexion ou des connaissances. Or, comment le pourrait-il en ne se basant que sur les sens qui l'auraient, selon les empiristes, façonné, alors qu'on vient de montrer que ces mêmes sens ne sont pas infaillibles ? III- Esprit inné Définition Leibniz, un rationaliste combattant l'empirisme, a une opinion beaucoup plus nuancée : selon lui, ce qui est inné dans l'esprit, ce sont des dispositions, des tendances qui orientent la pensée, une structure de l'esprit qui permet d'analyser les expériences des sens pour en tirer des connaissances. [...]
[...] Cette thèse comble les vides des deux précédentes : c'est à partir de l'expérience sensible que nous acquérons nos connaissances, grâce aux capacités d'analyse, de déduction, de réflexion déjà présentes dans notre esprit et que l'expérience renforce. Les sens ne suffisent donc pas à nous fournir toutes nos connaissances. Ils ne peuvent être qu'un outil d'expérimentation, utilisé par notre esprit pour construire des connaissances. On doit en effet admettre que l'esprit n'est pas "vide" à la naissance, comme l'affirment les empiristes, mais on ne peut se ranger tout à fait aux côtés des rationalistes en admettant des "idées innées". Les principes "innés" semblent venir de l'esprit lui-même, de sa structure et de ses inclinations. [...]
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