L'homme a pour habitude de considérer le rire, phénomène physiologique se traduisant par un mouvement spontané du corps, comme l'expression d'une légèreté intellectuelle, qui peut parfois être incontrôlable. En effet, certaines expressions communes comme « j'ai fait ça pour rire » ou encore « avoir un fou rire » semblent condamner le rieur dans une disposition de non maîtrise de soi, qui ne fait preuve d'aucun sérieux et en ce sens d'aucune réflexion. Celui qui rit de tout serait alors considéré comme un « imbécile heureux », incapable de mesurer l'importance ou la gravité d'une situation, soumis à un rire stupide et sans limites.
Pourtant le rire s'avère lié à une disposition de l'esprit qui attribue un caractère comique ou non à un fait venant de se dérouler ou à des paroles entendues. En ce sens le rire prend naissance à l'intersection de l'esprit et du réel, faisant appel à la faculté d'interprétation de l'homme, on remarque d'ailleurs que les animaux ne rient pas, et cela parce qu'ils sont dénués de toute conscience. Le rire serait donc bien directement lié à la pensée et ne pourrait atteindre l'homme avant que celui-ci ait fait preuve d'une réflexion intellectuelle en prenant connaissance d'une situation donnée et en la comprenant dans son intégralité.
En ce sens quels sont les bienfaits du rire et en quoi peut-il être considéré comme une marque de sagesse intérieure ? Pour autant est-il vraiment raisonnable de rire de tout ? Ne faut-il pas parfois se contenir et se modérer en vue de se soumettre à une certaine morale ? L'homme a-t-il nécessairement besoin d'obéir à une morale pour faire preuve de sagesse dans l'expression de son authenticité ?
Dans un premier temps nous découvrirons en quoi le rire peut être salvateur pour le corps et l'esprit humain. Puis nous nous interrogerons sur la capacité de l'homme à rire de tout et sur son devoir de contenance dans le but d'obéir à une morale donnée. Enfin nous verrons comment l'homme, à travers un rire libre de toutes retenues, peut réussir à s'arracher d'un devoir moral prescrit tout en s'affirmant en tant que sage. (...)
[...] Pour conclure nous pouvons donc affirmer que le rire, par ses vertus physiologiques et psychologiques constitue un premier bienfait pour l'homme. Il permet aux individus de bénéficier d'une meilleure santé corporelle et mentale ainsi que d'améliorer leurs relations sociales. Pourtant le rire peut sembler parfois déplacé, blessant ou néfaste lorsqu'il intervient sur l'orgueil ou la dignité d'autrui en dépassant les limites que la morale lui impose. En cela nous aurions pu donc conclure que le rire constituait une marque de sagesse à condition qu'il soit contenu et limité aux lois fixées par la morale. [...]
[...] Le rire est également une action relaxante qui permet une certaine détente de l'esprit et qui combat le stress, l'humeur déprimée ou la tristesse en faisant naître en nous un sentiment de plaisir et de légèreté. C'est ainsi pour cela que la pratique quotidienne du rire est, depuis l'Antiquité, préconisée par les médecins de toutes les civilisations. Le rire en tant que phénomène universel est reconnu comme un procédé de décontraction, améliorant les fonctions du corps et permettant à celui-ci, ainsi qu'à l'esprit, de se purifier. Le rire apparaît donc comme un moyen d'éliminer l'agressivité et les tensions qui habitent la vie psychique de l'homme. [...]
[...] Par exemple, à l'occasion d'un spectacle humoristique, les hommes, désireux d'assister à la représentation d'un même artiste se débarrassent plus facilement de leurs inhibitions grâce au rire communicatif que leur insuffle le spectacle de l'humoriste. Il s'instaure même entre eux une certaine solidarité qui provient du fait qu'ils apprécient et rient des mêmes choses. En cela nous pourrions établir une référence à la théorie de Comte qui affirme qu'une nouvelle religion est possible et même nécessaire au bon développement d'une société. Cette religion n'établie aucun rapport avec une transcendance ou un Dieu créateur, elle n'a rien de divin. [...]
[...] En effet, l'homme rit particulièrement des imperfections, des défauts et des échecs dont autrui peut faire preuve tout au long de son existence. Pourquoi l'homme moqueur se plait-il à rire des faiblesses des autres? On pense couramment que la moquerie serait une marque de jalousie, mais plus que ça, on peut suggérer que de rire de tout ce qui contrarie la perfection d'autrui serait pour le rieur un moyen de travestir ses propres défauts en refusant de les dévoiler au monde et plus particulièrement en niant les véritables caractéristiques de son être. [...]
[...] On peut donc penser que le rire sans bornes et sans contenances serait une marque de sagesse en ce sens qu'il émanerait d'un jugement capable d'atteindre la vérité. En cela ce rire se revelerait philosophique car la philosophie, qui au sens étymologique du terme signifie amour de la sagesse, a bien pour but premier de rechercher la vérité de toute chose. Le rire ne serait que l'expression spontanée de cette vérité comprise. De plus, nous pouvons considérer que rire de tout (ce qui est humain) permet à l'homme d'accéder et de communier avec la nature. [...]
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