Hilarité générale, histoire drôle, suscite le rire, amusement
Phénomène physique naturel, le rire est-il comme le bon sens de Descartes « la chose la mieux partagée du monde » ? Pas sûr. C'est du moins ce que laisse entendre le dossier proposé. En effet la sociologue Simone Clapier-Valadon, tout comme l'économiste Jean Fourastié, analysent la nature du rire pour en souligner le caractère essentiellement culturel et intellectuel. Ces deux points de vue sont illustrés par une page romanesque de Flaubert et une publicité pour Télélangue. Le rire relève-t-il de l'inné ou de l'acquis ? Pour répondre à cette question, nous examinerons d'abord ce qui suscite le rire, pour analyser ensuite ses significations et son ambivalence.
[...] Mais d'autre part le rire peut aussi exclure ; il est souvent railleur. cru d r presque toujours aux dépens de quelqu'un, et cette "victime" sort du cercle des rieurs. Ce que la page extraite de Madame Bovary met en valeur, c'est l'isolement et la non-intégration nouveau venu dans cette classe. La sociologue nous apprend qu'au Japon un sourire est signe de gêne, donc le rire peut souligner un décalage, un fossé, une fracture, et l'économiste ajoute que le rire est souvent dépréciatif, l'équivalent d'un blâme, d'une réprobation. [...]
[...] Fourastié estime, quant à lui, que le fait de rire est révélateur du degré d'intelligence d'une personne. Se moquer de quelqu'un peut également être une revanche sur un ordre social, une hiérarchie, puisque celui dont se moque la publicité est un policier, et Clapier-Valadon rappelle qu'il y a des périodes où irrespect et insolence sont tolérés comme pendant les Saturnales à Rome. Néanmoins, ce renversement hiérarchique n'est que temporaire, il sert même de "soupape" momentanée, et renforce les liens sociaux et les rapports de domination que le rire n'a pas vraiment menacés, ou alors de façon très provisoire : tel est le point de vue de la sociologue, illustré par le romancier : c'est le professeur qui lance et mène les rires, il les arrête par la menace d'une punition générale. [...]
[...] Faute de quoi, on ne saisira pas le jeu de mots, l'allusion, le sous- entendu. Fourastié explique que le rire nécessite la compréhension intellectuelle des mots ou de l'histoire drôle racontée ; il faut décoder, cela présuppose donc une certaine intelligence ou des connaissances culturelles, voire les deux. Cette méconnaissance des codes de la part du nouvel élève est à l'origine des moqueries que la classe lui fait subir chez Flaubert ; d'autre part, le professeur, parlant exprès de «casque et non de "casquette", fait un mot d'esprit qui déclenche et autorise les rires. [...]
[...] Le point de départ d'un rire est souvent lié à une perception visuelle ou auditive : on rit de ce qu'on voit, ou de ce qu'on entend. C'est ce que souligne Jean Fourastié en 1983 dans Remarques et notes diverses in Le Rire, suite. C'est aussi le cas pour les élèves de la classe où débarque Charles Bovary au chapitre 1 du roman de Flaubert Madame Bovary, paru en 1857 : son accoutrement (il a notamment une casquette aussi ridicule que laide), sa maladresse et sa façon bizarre de prononcer son nom Charbovari suscitent leur hilarité générale. [...]
[...] Le rire est-il naturel ou culturel ? Plan détaillé 1 Les différents points de départ du rire 1 L'aspect physique, sensoriel 2 L'aspect intellectuel 3 Des causes donc variables mais le plus souvent liées à un décalage avec la normalité 2 Ses différentes significations 1 Le rire rassemble 2 Mais il peut aussi exclure 3 Dans les deux cas, c'est une manifestation de supériorité du rieur même si elle n'est que momentanée et peut renforcer les liens sociaux Phénomène physique naturel, le rire est-il comme le bon sens de Descartes la chose la mieux partagée du monde ? [...]
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