Le traitement de ce sujet suppose une définition d'abord très concrète de ses termes. Reportons nous à un dictionnaire.
Le rêve y est défini comme étant une « production psychique qui s'opère pendant le sommeil et se caractérise par des émotions, des perceptions et des pensées relatives à des personnes, situations ou objets vécus par le rêveur comme réels ».
Quant à la veille c'est simplement « l'état d'une personne qui ne dort pas ».
⇒ D'emblée donc, si l'on tient compte de ces définitions, semble se poser une opposition absolue, une incompatibilité totale entre le rêve et la veille. Nous avons affaire là à une équation des plus simples du type : rêve = sommeil OR veille/=/ sommeil DONC rêve /=/ veille, élémentaire !).
Pourtant nous allons voir que les choses sont plus compliquées que cela. Nous allons tenter de mettre en évidence que les statuts, forcément conjoints, du rêve et de la veille sont beaucoup plus difficiles à déterminer que le laissent entrevoir les définitions données plus haut. Ces statuts ne sont pas figés, ils s'interpénètrent et sont sujets depuis très longtemps à pensée et à controverse.
En ce sens nous montrerons d'abord que dès l'Antiquité les penseurs se sont intéressés à l'étiologie du rêve (= le pourquoi du rêve, son origine) et que celle-ci est somme toute facilement explicable ; puis nous verrons que sur le plan gnoséologique (= sur le plan de la connaissance, de la compréhension) des questions sont loin d'être résolues (sont-elles seulement résolubles ?), qu'en somme rien ne peut nous garantir avec certitude que la vie véritable est celle qui se déroule à l'état de veille ; enfin avec l'évocation des travaux de Freud nous expliquerons quel nouveau statut acquièrent le rêve et la veille au XX ème siècle.
I/ L'étiologie du rêve, dès l'antiquité. Ex : Aristote (Des Rêves et De la divination par les rêves).
II/ Vie Véritable = vie de la veille ? Quels éléments de réponse ? Ex principal : Descartes (Méditations Métaphysiques, 1641).
III/ Le rêve en psychanalyse. Ex : S. Freund (L'interprétation des rêves, 1900).
[...] Le rêve et la veille Le traitement de ce sujet suppose une définition d'abord très concrète de ses termes. Reportons nous à un dictionnaire. Le rêve y est défini comme étant une production psychique qui s'opère pendant le sommeil et se caractérise par des émotions, des perceptions et des pensées relatives à des personnes, situations ou objets vécus par le rêveur comme réels Quant à la veille c'est simplement l'état d'une personne qui ne dort pas ( D'emblée donc, si l'on tient compte de ces définitions, semble se poser une opposition absolue, une incompatibilité totale entre le rêve et la veille. [...]
[...] C'est ce qu'exprime très bien la pièce baroque de Calderòn La Vie est un Songe (1635). Dans les mêmes années, Descartes dans ses Méditations Métaphysiques évoque ce problème, il écrit mais en y pensant soigneusement je me ressouviens d'avoir été souvent trompé, lorsque je dormais, par de semblables illusions. Et m'arrêtant sur cette pensée, je vois si manifestement qu'il n'y a point d'indices concluants, ni de marques assez certaines par où l'on puisse distinguer la veille d'avec le sommeil, que j'en suis tout étonné [ ] Il avance une solution d'ordre métaphysique fondée sur le postulat que seule la véracité divine (il repousse l'hypothèse du Malin Génie et les effets du doute hyperbolique et pose que Dieu n'est pas trompeur) qui se fait garante de la vérité de mes connaissances peut m'assurer que le cogito dont j'ai seulement certitude par expérience, est réalité et non rêve. [...]
[...] III/ Le rêve en psychanalyse Les premières études véritablement scientifiques sur le rêve prennent leur essor au début du XXème siècle, après la publication des travaux de Freud (L'Interprétation des rêves en 1900). Le rêve selon les mots mêmes de Freud est la voie royale vers la découverte de l'inconscient Il est considéré par lui dans sa fonction d' assouvissement des désirs qui se trouvent satisfaits de manière hallucinatoire. Le rapport entre le rêve et la veille est là très intéressant et très complexe. [...]
[...] L'espace et le temps sont irréels, le sujet (c'est-à-dire soi-même, on ne rêve que de soi) peut-être en même temps dans des lieux différents, il peut être acteur et spectateur d'une même scène les possibilités sont infinies. Une autre caractéristique de l'expérience onirique est dans la valeur symbolique de ses contenus Ces caractéristiques rendent compte de la difficulté qu'il y a à traduire le rêve dans le langage du discours logique de la veille. II/ Vie Véritable = vie de la veille ? Quels éléments de réponse ? [...]
[...] Conclusion La question du rêve et de la veille a donc été longtemps débattue pour savoir s'il était possible de déterminer lequel des deux états correspondait à la vie véritable ; il semble bien que depuis l'avènement de la psychanalyse, cette question ne soit plus d'actualité. Le rêve est aujourd'hui un moyen de mieux maîtriser la veille (ou de mieux SE maîtriser à l'état de veille), et l'obsession de son déchiffrement tient parfois de l'occultisme (il n'y a qu'à ouvrir un journal gratuit pour voir combien de voyantes se proposent moyennant rétribution de tout nous dire sur la signification de nos rêves Une remarque encore : Nerval parlant du rêve comme d'une seconde vie et Pascal écrivant dans les Pensées Si un artisan était sûr de rêver toutes les nuits, douze heures durant, qu'il est roi, je crois qu'il serait presque aussi heureux qu'un roi qui rêverait toutes les nuits douze heures durant qu'il serait artisan ont contribué à faire du questionnement sur la vie véritable un questionnement obsolète, sans enjeu véritable. [...]
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