Spontanément, chacun d'entre nous veut être respecté par autrui, et inversement, les autres désirent que nous les respections. Le respect apparaît ainsi comme une exigence essentielle de la vie en société.
Pourtant le respect n'exclut nullement la critique, voire le combat contre autrui, combat de ses actes comme de ses idées ; bien plus, on peut considérer que l'homme qui nous paraît le plus méprisable, celui chez qui nous ne trouverions aucune qualité, est en droit, devant la loi positive comme devant la loi morale, d'exiger de nous un certain respect. Mais alors à quoi s'adresse un tel respect ? Ne serait-ce pas uniquement à la personne humaine qu'est l'autre ? C'est ce qu'il nous faut examiner.
Le respect se définit comme un « sentiment qui porte à accorder à quelqu'un une considération admirative, en raison de la valeur qu'on lui reconnaît, et à se conduire envers lui avec réserve et retenue, par une contrainte acceptée » (Petit Robert). La question est de savoir quelle est cette « valeur » que l'on reconnaît dans la personne que l'on respecte, et de quelle sorte est cette reconnaissance, qui sera très différente selon qu'elle est spontanée ou forcée.
Comme l'a montré Pascal, il existe deux sortes de respects, correspondant aux deux sortes de valeurs que nous respectons en autrui, à savoir d'une part des « grandeurs d'établissement » (comme la noblesse), qui sont des grandeurs sociales artificielles et conventionnelles en ce sens qu'elles dépendent de la volonté des hommes et que cette volonté des hommes ne se fonde pas sur des raisons objectives ; d'autre part des « grandeurs naturelles » qui, elles, contrairement aux précédentes, ne sont pas arbitraires, mais ont une valeur universellement reconnue dans la mesure où elles constituent des qualités objectives de l'individu, telles que l'intelligence, la science, la vertu, la santé, la force. On distingue alors les deux types de respect leur correspondant.
[...] D'autre part, on distingue les êtres raisonnables ou personnes, c'est- à-dire ces êtres qui seuls sont doués d'autonomie, c'est-à-dire du pouvoir qu'ils ont d'obéir à la loi que leur impose leur nature raisonnable, de pouvoir se déterminer à agir par la raison. C'est de cette autonomie que la personne tient sa dignité inconditionnelle. La personne n'a pas en effet seulement une valeur pour nous, mais une valeur absolue, littéralement une valeur incomparable. Tout homme, écrit Kant, a le droit de prétendre au respect de ses semblables et réciproquement il est obligé au respect envers chacun d'entre eux. [...]
[...] Respecter l'autre, est-ce respecter en lui la personne humaine ? Spontanément, chacun d'entre nous veut être respecté par autrui, et inversement, les autres désirent que nous les respections. Le respect apparaît ainsi comme une exigence essentielle de la vie en société. Pourtant le respect n'exclut nullement la critique, voire le combat contre autrui, combat de ses actes comme de ses idées ; bien plus, on peut considérer que l'homme qui nous paraît le plus méprisable, celui chez qui nous ne trouverions aucune qualité, est en droit, devant la loi positive comme devant la loi morale, d'exiger de nous un certain respect. [...]
[...] Comme l'a montré Pascal, il existe deux sortes de respects, correspondant aux deux sortes de valeurs que nous respectons en autrui, à savoir d'une part des grandeurs d'établissement (comme la noblesse), qui sont des grandeurs sociales artificielles et conventionnelles en ce sens qu'elles dépendent de la volonté des hommes et que cette volonté des hommes ne se fonde pas sur des raisons objectives ; d'autre part des grandeurs naturelles qui, elles, contrairement aux précédentes, ne sont pas arbitraires, mais ont une valeur universellement reconnue dans la mesure où elles constituent des qualités objectives de l'individu, telles que l'intelligence, la science, la vertu, la santé, la force. On distingue alors les deux types de respect leur correspondant. Le respect d'établissement ou conventionnel, qui est pour ainsi dire de surface, consiste non pas à rejeter ces grandeurs, mais à les reconnaître en les tenant pour ce qu'elles sont : de simples conventions. [...]
[...] Tel était du moins l'avis de Schopenhauer qui, dans Le Fondement de la morale, soulignant que, pour Kant, une action n'a de véritable valeur morale que si elle est accomplie uniquement par devoir, par pure volonté de faire le devoir et sans aucun penchant naturel et que le véritable caractère moral ne commence que là où quelqu'un, sans sympathie aucune, froid et indifférent aux maux d'autrui, non point philanthrope par nature, mais uniquement en considération du devoir rigoureux, accomplit de bonnes actions voyait là une prétention qui révolte le véritable sentiment moral une apothéose de l'indifférence, si contraire à la doctrine chrétienne qui met l'amour au-dessus de tout et n'accorde nulle valeur à ce qui en est dépourvu Bibliographie sur le thème de la personne Marc Aurèle, Pensées. Epictète, Entretiens, Manuel. E. Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs. E. Mounier, Le Personnalisme. [...]
[...] Aussi le contraire de l'estime est-il le mépris et l'aversion (tandis que le contraire du respect d'établissement, c'est l'indifférence). Mais parmi ces valeurs, tant naturelles que conventionnelles, peut-on ranger la force violente ? Puis-je respecter en autrui la force par laquelle il s'impose et me contraint ? Des expressions comme tenir ou garder quelqu'un en respect semblent bien montrer que la considération qu'enveloppe le respect peut en effet parfois se révéler n'être qu'une considération forcée, et le respect se présenter comme une soumission fondée sur la crainte. [...]
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