Respecter un homme, est-ce la même chose que respecter un animal ou une plante? L'idée de respect étendue à des vivants autres que l'homme peut sembler étrange, voire même comique. Et en effet, la formule du sujet surprend : comment pouvoir mettre en rapport un concept moral tel que le respect et ce qui relève de la pure factualité, c'est-à-dire la vie? N'y a-t-il pas déjà une dérivation dangereuse dans le fait d'affirmer qu'il faut respecter la vie? En effet, le sujet semble prendre la forme d'un commandement impératif dont on peine à percevoir le sens. En d'autres termes, respecter la vie, n'est-ce pas simplement une grande idée? À l'inverse, ne pas respecter la vie, est-ce que cela signifie que l'on peut en disposer comme bon nous semble? L'enjeu du sujet consiste dès lors à déterminer l'attitude que l'homme doit adopter face au vivant.
[...] Ne parle-t-on pourtant pas de droit à la vie? Dans Evangelium Vitae, Jean-Paul II écrit "qu'une norme qui viole le droit naturel d'un innocent à la vie est injuste et comme telle ne peut avoir force de loi". En d'autres termes, l'avortement est-il un crime? Le droit à la vie introduit l'imaginaire dans le débat à travers l'idée que l'on se fait de l'existence future - à venir et donc non réalisée - d'une forme de vie - humaine chez Jean-Paul II. [...]
[...] Parce que la question de la morale est étrangère à l'être vivant différent de l'homme. Seul l'homme est capable de se poser la question du devoir-être et du devoir agir. Ces deux questions échappent à l'animal parce qu'il est précisément plongé dans l'immédiateté sensible. C'est pourquoi un animal ne reconnaîtra jamais une dignité à un autre animal : il est à la fois incapable de respect et étranger à la notion de dignité. Exprimé autrement, il y a une différence de nature entre l'homme et l'animal de telle sorte que si le vivant produit de simples actes, l'homme produit quant aussi des actes qui peuvent être jugés parce que l'intention qui motive l'acte n'est pas étrangère à l'homme. [...]
[...] En d'autres termes, respecter la vie, n'est-ce pas simplement une grande idée? À l'inverse, ne pas respecter la vie, est-ce que cela signifie que l'on peut en disposer comme bon nous semble? L'enjeu du sujet consiste dès lors à déterminer l'attitude que l'homme doit adopter face au vivant. Nous expliquerons dans une première partie que le terme de respect est inadéquat pour désigner une relation entre l'homme et le vivant. Nous montrerons ensuite en quoi le statut particulier du vivant impose un rapport éthique vis-à-vis lui. [...]
[...] De même, le respect de l'humain n'est pas la négation de ce qu'il y a de vivant dans l'homme. La Leçon d'anatomie du Docteur Tulp (1632) est significative : le cadavre est traité avec la plus grande attention et c'est délicatement que le docteur incise le bras gauche de l'homme allongé. On ne peut donc pas concevoir le rapport de l'homme au vivant et à ce qu'il y a de vivant dans l'homme comme le rapport à un simple objet. [...]
[...] Nous ne donnerons qu'un exemple : celui de l'abbé Tolbiac dans Une Vie de Maupassant. Cet abbé, figure d'intransigeance religieuse fanatique, aperçoit un matin un spectacle fascinant une bande d'enfants : une chienne en train d'accoucher. Sa réaction ne se fait pas attendre : il traverse le cercle formé par les enfants, et tue la chienne à coups de pieds. Scène en soi révoltante et qui indigne le lecteur. Cette répugnance à la cruauté gratuite est le signe qu'une forme d'affectivité nous lie au vivant. [...]
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