Ce qui se définit d'abord par la reconnaissance de la liberté d'autrui se décline aujourd'hui sous toutes ses formes, et se dilue dans l'infinité des « prières de respecter », au point d'en oublier ce qui nous pousse à respecter, et par là, ce qui est respectable.
« Respecter autrui » est la première des exigences, celle qui nous vient le plus naturellement. Pourtant, cette même altérité ne nous empêche-t-elle pas de définir théoriquement cette autre personne, ou cet autre comme personne, et en ce sens, de voir le respect comme un impératif ?
Il faut alors se tourner vers l'intérêt et l'efficacité pratique du respect - respect des règles - en tant que nous vivons en société. Mais, intimement, c'est d'abord nous que nous respectons dans tout respect, lorsque nous décidons de nous construire dans notre relation à l'autre (...)
[...] Il faut dés à présent clarifier ceci: théoriquement, je n'ai aucune raison de respecter autrui, et les personnes qui m'entourent ne m'apparaissent pas comme respectables. Pour comprendre ce premier point, il faut revenir à la notion idéaliste de la personne, dégagée par Descartes. Comme l'un de ses successeurs, Leibniz, Descartes définit la personne comme une capacité de raison, de réflexion, capable d'un retour sur elle-même, de se penser pensante. Ce moi est distinct des autres personnes de manière irrémédiable, et Descartes postule son unité dans le temps et l'espace. [...]
[...] A travers le respect d'autrui, c'est ma propre personne que je respecte, que je construis. Nous avons évoqué un peu plus haut notre nature sociale, il nous faut développer ce point. L'Homme est un être engendré: il a un père, une mère, qui se sont unis et ont produit un nouvel être. Il n'est pas seul, dés l'origine. Par la suite, il ne lui est pas permis de se développer seul: pour survivre, il doit être nourri, et, de manière aussi fondamentale, éduqué. [...]
[...] Les découvertes récentes de la génétique semblent aller dans ce sens: notre ADN dicte la couleur de nos cheveux, de nos yeux, certaines pathologies dites génétiques, et même selon certains notre tendance à la violence ou à l'alcoolisme. L'idéalisme cartésien, et certains courants réalistes semblent conclure à l'impossibilité du respect, soit en remettant en cause l'existence de la personne, soit en affirmant notre soumission à des causes qui nous dépassent. Il ne faudrait ni respecter les personnes, ni aucun autre des phénomènes que compte le monde. Bien heureusement, l'impossibilité théorique de l'existence d'une liberté s'efface devant les nécessitées de la vie en société. Si la théorie est muette, il faut faire parler le pratique. [...]
[...] Après avoir nié la pertinence théorique de la notion de respect, il a fallu se rendre à l'évidence de l'exigence morale, et donc de l'existence d'une liberté en chacun. Si certaines conditions semblent déterminantes, nous restons libres d'actualiser ces penchants naturels, notamment voire heureusement dans l'amour, forme transcendée du respect. Pourtant, la pertinence de ces théories semble être remise en cause chaque jour: le respect n'est jamais totalement acquis. Les personnes ne sont pas les seuls objets de respect: la première et la seule à pouvoir être connue, nous-mêmes, doit aussi trouver une forme de respect, pour pouvoir respecter en retour. [...]
[...] Nous ne pouvons nous permettre de rester prostré, il faut agir et vivre. Kant, basant sa métaphysique sur la morale, rappelle que ce sentiment d'évidence de l'existence d'une liberté n'aurait aucun sens si l'autre n'était pas une personne, au même titre que moi. Puisqu'aucune science ne peur le prouver, il décide de croire, et élabore un impératif catégorique: Agir toujours de telle manière que la maxime de nos actions puisse s'ériger en loi universelle. Cet impératif nous incite à considérer la liberté d'autrui et à la reconnaître, et délimiter la sienne en conséquence, de manière égale. [...]
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