Si la résistance comprend en majeure partie la résistance à l'oppression, elle regroupe également d'autres concepts (désobéissance civile, pacifisme, résistance violente ou non-violente). Ainsi entendrons-nous la résistance dans un sens large, comme l'opposition, la contestation de l'autorité, le refus d'obéir ou de se soumettre à un ordre, une loi ou un système. L'Histoire est traversée de figures qui ont symbolisé la résistance : de l'Antigone de Sophocle à Henry Thoreau ou Gandhi, ils ont tous subi le revers de leur opposition, la mort dans le pire des cas, l'emprisonnement dans l'autre. Si la résistance est légitime face à l'arbitraire, qu'est-ce qui la justifie en tant que droit dans un Etat démocratique? Qui détient la souveraineté ultime de juger ce qu'est l'intérêt de la société ?
Par conséquent, s'il est important de s'interroger en premier lieu sur la construction d' un droit de résistance, que ce soit comme réaction à l'arbitraire ou, dans les sociétés démocratiques, comme mécanisme institutionnel de l'Etat de droit ; il faudra dans un deuxième temps comprendre en quoi la résistance est, malgré certaines limites, plus qu'un droit, c'est-à-dire à l'origine de toutes les libertés et garanties de l'homme...
[...] Dans quelle mesure cette résistance qui comprend le meurtre de personnes peut-elle être un droit ? Nous ne sommes plus ici dans le cadre d'un droit. En effet, en aucun cas un individu ne peut prendre les vies de civils innocents pour défendre sa cause, qu'il soit kamikaze palestinien luttant pour l'existence de son Etat ou membre de l'IRA ou de l'ETA. Un groupe ou un individu ne peut revendiquer l'usage de la violence qui appartient à l'Etat. Le terrorisme prend en otage une population et s'oppose au plus fondamental de tous les droits, celui de vivre. [...]
[...] Mais cette dernière n'est pas un droit ni une liberté juridique, elle n'est qu'une liberté physique que le souverain peut sanctionner. De même, Kant admet la résistance sous forme d'un fait et non d'un droit juridiquement garanti. Pour ces penseurs, la résistance n'a donc aucune légitimité, elle ne peut être un droit car elle remettrait en cause l'Etat, source de l'harmonie et du bien commun. Cependant, ce raisonnement d'une implacable logique substitue au principe initial du consentement au pouvoir la soumission totale à la loi du souverain. La conséquence en est l'autoritarisme. [...]
[...] Cette résistance n'est pas à proprement parler un droit juridique, elle est un droit naturel. Comme l'homme, ce droit naturel préexiste à toute organisation politique et fait de la résistance un élément fondamental pour sa sauvegarde. Dans le raisonnement final de Locke, cela doit mener à l'institution d'instruments qui protègent le peuple d'un retour à l'arbitraire. Cet instrument doit délimiter l'étendue des pouvoirs de l'autorité, ses missions et devoirs, et surtout, des procédures de contrôle et de déchéance juridique du Gouvernement si celui-ci outrepasse ses pouvoirs. [...]
[...] Mais jusqu'où aller dans cette optique ? Si les actes non-violents et le pacifisme posent moins de problèmes, il en est autrement du terrorisme. En effet, le pacifisme tel que le prônait Gandhi ou Martin Luther King est une contestation de l'Etat qui n'a pas pour but de violer directement la loi. Ainsi Gandhi a-t-il lutté pour l'indépendance de l'Inde sans jamais violer une loi. Par d'autres moyens légaux, il s'est opposé au système de l'Etat, ce qui n'empêcha pas le gouvernement de l'envoyer en prison. [...]
[...] Elle peut être et est un droit naturel incontestable lorsqu'il s'agit de refuser l'oppression, la violation de ses droits et libertés. Elle ne l'est pas lorsqu'elle tombe dans le crime, le terrorisme et plus généralement l'individualisme égoïste qui perd la notion du bien commun et des droits de l'homme. La garantie du droit de résistance est donc un signe de l'humilité du pouvoir, la reconnaissance de la faillibilité de celui-ci, des lois, de la constitution. C'est pourquoi elle est un appel à la conscience des citoyens, à l'éveil de l'opinion. [...]
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