Pour Kant, l'art n'est pas la représentation d'une belle chose mais la belle représentation d'une chose (Critique de la faculté de juger). Cela suppose donc qu'une oeuvre qualifiée de belle peut nous proposer la représentation d'une chose en elle-même terrifiante (guerre, scène d'agonie...), ce qui apparaît paradoxal puisque le beau est traditionnellement un attribut positif plutôt associé au bien tandis que le mal serait plutôt qualifié de laid. Comment alors la représentation d'un mal peut-elle être belle ?
[...] Mais toute représentation d'un mal est-elle nécessairement belle ? De quel type de représentation s'agit-il et comment se définit le beau ? Le XIXème siècle a vu apparaître une fécondité esthétique du mal avec le courant des Romantiques, dont notamment, Baudelaire et les Fleurs du Mal ou encore Eugène Sue et Les Mystères de Paris ou Hugo. Mais d'où vient le beau de leurs œuvres ? Tout dépend, tout d'abord de la finalité que l'on donne à la représentation. Ainsi, les symboles sont des représentations, ils rendent présente une idée, mais peuvent-ils être beaux ? [...]
[...] Est-ce à dire alors, en imitant la formule de Sartre " la Beauté, c'est le mal " dans la pièce La Bête et le Bon Dieu, que le mal, c'est la Beauté ? Mais est-ce le mal en lui-même qui est beau et en quoi la représentation d'un mal peut-elle aboutir à un bien ? Il apparaît tout d'abord nécessaire de représenter le mal puisqu'il est à la fois multiforme et insaisissable en tant qu'idée. Or représenter qui vient du latin repraesentere, rendre présent, c'est présenter aux sens de manière actuelle et concrète, l'image d'une chose irréelle absente ou impossible à percevoir directement (Dictionnaire technique et critique de la philosophie). [...]
[...] Le bon goût peut ne pas trouver de plaisir à écouter du Bach mais il ne peut accepter qu'on ne trouve pas cette musique belle. Cette universalité est toutefois plus de droit que de fait. Le Beau est donc ce qui plaît universellement et sans concept et, par conséquent, la beauté est une forme non conceptualisable d'universalité. A cela s'ajoute que, selon Kant, le beau se dégage de la sphère des valeurs et de la vérité. L'esthétique est distincte de la connaissance et de la morale car la jouissance esthétique ne se soucie pas de l'existence réelle de l'objet. [...]
[...] Comment la représentation d'un mal peut-elle être belle ? Pour Kant, l'art n'est pas la représentation d'une belle chose mais la belle représentation d'une chose (Critique de la faculté de juger). Cela suppose donc qu'une œuvre qualifiée de belle peut nous proposer la représentation d'une chose en elle-même terrifiante (guerre, scène d'agonie ce qui apparaît paradoxal puisque le beau est traditionnellement un attribut positif plutôt associé au bien tandis que le mal serait plutôt qualifié de laid. Comment alors la représentation d'un mal peut-elle être belle ? [...]
[...] En effet, le mal est, par définition, innommable, indicible ; par conséquent, le représenter, lui attribuer une valeur positive, n'est-ce pas le justifier, lui offrir une tribune ? Tel est le débat soulevé aujourd'hui par l'esthétisation de la violence au cinéma. Ainsi des films, comme Orange Mécanique de Stanley Kubrick, qui possèdent une valeur esthétique et artistique, ont été accusés d'inciter des personnes à la violence et au crime dans le monde réel. Aussi faut-il être prudent avec la définition théorique du beau. De la même façon, les photos où l'on peut percevoir une esthétisation des victimes de guerre portent à controverse. [...]
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