Cet ouvrage est une tentative, de la part de leurs auteurs, de surmonter la discussion sur les insuffisances du libéralisme politique, qui oppose traditionnellement l'individu à la communauté comme valeurs cardinales (celle de l'individu étant revendiquée par le libéralisme, celle des communautés culturelles par le communautarisme et celle de la communauté politique par le républicanisme). Il s'agit de conserver l'individu comme sujet du droit, mais de revenir sur le renvoi inconditionnel des identités collectives, notamment culturelles, dans la sphère privée.
Les auteurs mettent en évidence que ce renvoi est une abstraction abusive de l'identité réelle des individus, dont la référence à certaines communautés de valeurs fait partie intégrante. Ce réaménagement du droit est le socle du programme d'auto transformation du libéralisme politique proposé par Sylvie Mesure et Alain Renaut. Ce que les auteurs visent par delà le dépassement des antagonismes traditionnellement présents dans la discussion sur les insuffisances du libéralisme politique, c'est la réaffirmation de celui-ci comme l'horizon normatif incontournable du cadre démocratique.
Au plan théorique, cette réaffirmation se fait au prix d'un ajustement de ses principes, pour répondre aux nouvelles exigences sociales et politiques des démocraties actuelles. Au plan concret, il s'agit précisément, pour la France, d'entrer dans un libéralisme politique qu'elle n'a jamais pleinement réalisé, au prix d'un abandon des préjugés qui ont jusqu'ici réduit la théorie du libéralisme au libéralisme économique (...)
[...] Le Constat Sylvie Mesure et Alain Renaut font le constat que le libéralisme politique classique ne permet plus de répondre aux exigences de la société démocratique. Ils identifient deux logiques qui participeraient de ce qu'ils appellent une leucémisation de l'espace public : la dynamique de l'individualisme et le pluralisme des cultures. Dans L'Ere de l'individu, Alain Renaut identifiait au sein même de l'ontologie de l'individu la logique de l'individualisme : à savoir l'indépendance comme repli sur soi, négation de l'interrelation avec les autres individus. [...]
[...] Le choix est donc conçu comme dynamique. Il a ceci de commun avec le projet tel que le conçoit Sartre, d'être compris comme une élaboration constante, sans cesse renouvelé, soumis au jugement réfléchissant de la conscience commune, qui peut à tout instant en évaluer la légitimité. Autre point commun avec le projet sartrien, il n'est pas absolument antérieur à ce que l'homme se fait lui-même. Mais la comparaison s'arrête là, car notre concept de choix identitaire n'est pas absolument inconscient. [...]
[...] Ce réaménagement du droit est le socle du programme d'auto transformation du libéralisme politique proposé par Sylvie Mesure et Alain Renaut. Ce que les auteurs visent par delà le dépassement des antagonismes traditionnellement présents dans la discussion sur les insuffisances du libéralisme politique, c'est la réaffirmation de celui-ci comme l'horizon normatif incontournable du cadre démocratique. Au plan théorique, cette réaffirmation se fait au prix d'un ajustement de ses principes, pour répondre aux nouvelles exigences sociales et politiques des démocraties actuelles. [...]
[...] Il s'agit bien d'adjoindre un troisième principe de justice aux deux premiers établis par Rawls : un principe de justice ethnoculturelle. Le droit des individus à vivre leurs appartenances culturelles dans l'espace public leur est reconnu, ce droit est égalitaire, mais il n'essentialise pas l'appartenance de l'individu à une communauté de valeurs. C'est donc aussi un droit libéral, car c'est bien l'individu qui élabore sa propre identité, la communauté étant une référence qu'il est libre ou non d'utiliser, dans la mesure qu'il juge souhaitable. [...]
[...] Les auteurs rappellent que c'est déjà cette logique que Tocqueville[2] identifie comme une possible dérive des sociétés démocratiques. Cette seconde partie de l'ouvrage vise à répondre aux questions attenantes au pluralisme des cultures. Le pluralisme des cultures est une donnée factuelle, que l'on observe dans la plupart des grandes sociétés démocratiques, que celles-ci se soient constituées à partir de l'immigration (comme les Etats-Unis), ou qu'elles se soient ouvertes à des populations issues d'autres espaces culturels (comme les pays de ce que l'on appelle la vieille Europe). [...]
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