Tant que l'on croit, c'est que l'on ne sait pas. En ce sens, la croyance apparaît comme un substitut à l'ignorance : plutôt que de rester dans le doute, on préfère croire, parce qu'il est plus facile d'avoir des réponses que de se poser des questions. Cependant, ne fait-on pas obstacle, par une telle attitude, à l'évolution de la science, à la progression des connaissances ? Car, en effet, croire, c'est aussi croire savoir, et refuser en ce sens de remettre en cause l'objet de la croyance. Ainsi, l'on pourrait être enclin à opposer la religion, qui pousse à croire, et la science, qui cherche à connaître. Reste que, nous le constatons régulièrement, la religion demeure alors même que la science évolue. Faut-il, dès lors, opposer la religion et la science ? Le savant doit-il s'interdire toute croyance, ou bien peut-on à la fois être scientifique et croyant ? (...)
[...] La religion emprunte ici à la science son souci de démonstration et d'universalité. La raison, à l'œuvre dans la science, est également présente dans la religion pour tenter de la justifier. Cependant, force est de constater que, si la croyance reste croyance, c'est qu'elle n'est pas encore du domaine du savoir, qu'il y a des limites à la raison, sans quoi le divin serait objet de connaissance, non de croyance. L'on n'a plus besoin de croire, dès lors que l'on sait. [...]
[...] Toujours est-il que la raison s'impose pour prévenir la foi contre ses excès possibles (fanatisme). Elle doit donc garder l'esprit critique en ce qui concerne l'action. Il apparaît alors que ce qui prime, en matière de religion, c'est la tolérance, parce que nul ne peut démontrer que sa religion particulière est meilleure qu'une autre, nul ne peut fonder rationnellement sa foi. Libre alors à chacun de s'engager ou non, mais tout en en étant conscient et en étant conscient également des conséquences de sa foi. [...]
[...] La science semble s'opposer à la religion. Elle apparaît en effet comme une interrogation sur le monde, une remise en cause permanente (elle évolue) non compatible avec l'adhésion que représente la croyance. La religion suppose en effet que le fidèle adhère sans preuve aux vérités révélées, qu'il ne les conteste ni ne les remette en cause, alors que la science cherche à savoir, à connaître les causes des phénomènes qu'elle étudie. Descartes, dans les Méditations métaphysiques, cherchant à asseoir la connaissance sur des bases certaines, commence ainsi par remettre en cause tout ce qui ne semble pas absolument indubitable : le doute apparaît comme le moyen par lequel la science, comprise comme savoir, peut se constituer. [...]
[...] Il faut alors s'interroger sur ce qu'il nous est permis ou non de faire. Ici, c'est la raison qui doit être interrogée en premier lieu, non la foi, afin d'éviter toute morale fanatique. [...]
[...] L'opposition serait alors réciproque. En effet, la religion a rapport à des dogmes, des vérités révélées que l'on ne peut donc, par définition, démontrer. En revanche, la science procède par démonstrations : ne sera admise comme scientifique qu'une théorie démontrable. La religion suppose donc une adhésion de l'esprit à ce que la raison ne peut découvrir par elle-même, contrairement à ce que suppose la science. Elle considère, contrairement à la science, l'irrationnel comme une valeur : non comme ce qui est un obstacle à la raison, mais comme ce qui transcende, dépasse la raison et est donc supérieur à elle. [...]
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