Cette dissertation pose la question de la pertinence de la religion sous l'angle pratique: peut-on considérer une religion comme valable simplement parce que le croyant y trouve une utilité ? N'est-ce pas manquer de respect à la religion de l'envisager ainsi ?
Le devoir comporte des annotations pédagogiques qui indiquent à l'élève quel type de "geste" intellectuel est réalisé à chaque moment de la dissertation (définition, analyse, développement d'un exemple, tirer les conséquences, etc.)
[...] Il peut donc être tentant de promouvoir les religions, même fausses, puisqu'elles contribuent à l'amélioration de la vie humaine. [Objection] Pourtant, il n'est pas certain que réduire la religion à son utilité soit quelque chose de légitime. Peut-être est-ce notre société de consommation, si sensible à la balance des avantages et des inconvénients, si soucieuse de la qualité et de la pertinence des services, qui nous encourage à voir la religion comme un outil ou comme un service servant à améliorer notre existence. [...]
[...] Ce qui nous a poussé à distinguer entre les fins limitées, qui relèvent de l'utilité, et les fins ultimes, qui sont des aspirations plus hautes qui vont peut-être au-delà du calcul d'intérêt. [...]
[...] [Argument] Or, la religion n'est-elle pas justement ce qui nous permet de lever parfois un peu la tête au-dessus de ces calculs, pour envisager des questions qui, si elles sont moins pratiques, sont peut-être plus importantes ? [Exemple] On n'y songe pas souvent, mais le dimanche institué comme jour où l'on ne travaille pas reflète exactement cela. Au départ, le dimanche est le jour consacré à Dieu (Shabbat, pour les juifs, est le samedi), il consiste à laisser de côté son activité laborieuse pour se concentrer uniquement sur le culte de reconnaissance que l'on doit à la divinité. [...]
[...] Même si cette religion est une fiction, ne vaut-il pas mieux une fiction réconfortante que pas de réconfort du tout ? [Argument] Dans la même ligne d'analyse, les promesses de l'au-delà viennent contrebalancer la crainte de la mort. La perspective d'une justice divine vient nous dédommager de toutes les injustices que nous pouvons subir nous-mêmes, ou constater autour de nous. [Leçon] Chaque fois, en nous faisant miroiter une réalité supérieure qui vient « réparer » la défectuosité du monde réel, la religion nous rend la vie plus vivable. [...]
[...] Enfin, nous envisagerons le fait que la religion est certes indissociable de promesses et d'espérances, mais qui sont très différentes de la satisfaction des besoins. [Analyse] Il n'est pas courant de penser à la religion en termes d'utilité : par son côté mystérieux, « magique », souvent surnaturel, elle semble tout à fait détachée des réalités concrètes et de la recherche d'efficacité propre aux techniques (car ce sont avant tout les techniques que l'on qualifie d'utiles). Pourtant, il n'est pas difficile de voir que la religion apporte au croyant un certain nombre d'avantages non négligeables. [...]
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