Un mythe est un récit de tradition orale, purement imaginaire, qui tente de proposer une explication de certains aspects fondamentaux du monde. A travers ses récits, le mythe témoigne de l'imaginaire d'une collectivité. Il cache aussi une forme symbolique qui lui permet de poser des questions, des interrogations sur l'homme.
La religion semble répondre aux critères précédemment énoncés pour le mythe et semble ainsi lui être extrêmement proche. Elle aussi fonde l'identité, l'appartenance à un groupe, à une collectivité par exemple. Aussi semble-t-il intéressant de rapprocher les deux notions. Pourtant, peut-on affirmer que la religion est du même ordre que le mythe ? Sont-ils proches au point de pouvoir les assimiler ? Les notions de mythe et de religion sont-elles comparables ?
[...] II- La religion est-elle de l'ordre de l'illusion ? Le sujet pose une question qui peut être étudiée sous un autre angle, selon la polysémie du mot mythe Comme nous l'annoncions en introduction, un mythe, au-delà du récit de tradition orale dont nous venons de parler, c'est également une croyance vaine, autrement dit illusoire. Il convient donc ici de prendre le mot mythe dans sa seconde signification. Aussi bien qu'aux récits de tradition orale, le mythe peut se référer à une illusion Par conséquent, se demander si la religion n'est pas de l'ordre du mythe revient à se demander si la religion est une illusion. [...]
[...] La religion correspond à la vision du monde que le croyant se fait. Il n'est peut-être pas convaincu de la réalité des faits narrés, mais, au contraire du mythe, il y a un soupçon de vérité en ce sens que les croyants d'une même religion partagent des visions du monde similaires. La religion dépasse le mythe en ce sens que le croyant est convaincu par ces récits. Sa religion correspond à la conception du monde qu'il se fait. Hegel, dans La Raison dans l'Histoire, disait d'ailleurs : La religion est le lieu où un peuple se donne la définition de ce qu'il tient pour le vrai La croyance : un pouvoir et une influence bien supérieurs à ceux du mythe Le mythe donne à penser, pose des questions, fait passer une leçon à travers ses récits fictifs. [...]
[...] Lorsque Hésiode narre la création de l'univers, il n'y croit pas du tout. Le but du mythe grec est la signification pure et simple. Il s'agit de donner une explication imagée du mal, comme nous l'avons vu auparavant. Mais en aucun cas les Grecs ne croyaient en ces récits. Il ne s'agit pas de dire que les Grecs n'avaient pas le sens du sacré ni du divin, mais qu'ils n'étaient pas convaincus des récits qu'ils prêtaient à leurs dieux. D'ailleurs, le mythe est évolutif : de tradition orale, il a l'habitude d'être déformé, modifié. [...]
[...] Il paraît alors évident que la religion soit de l'ordre du mythe. Mais plus que de lui être similaire, elle le dépasse. III- La religion dépasse le mythe La foi comme croyance en ces mythes Un aspect fondamental qui n'existe pas dans le mythe est la foi. En effet, la foi est absente du mythe, comme l'affirmait d'ailleurs Paul Veyne (Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes La question de foi ne se posait pas chez les Grecs. Eux n'attendaient pas des dieux leur salut. [...]
[...] Elle est de l'ordre du mythe car elle le copie et l'emploie elle-même, mais le dépasse fondamentalement par la foi du croyant, qui élève en vérité suprême les paroles religieuses (entendons par là la parole biblique, du coran . La religion possède ainsi intrinsèquement une force que le mythe ne peut atteindre. Dans son second sens, on peut également affirmer que la religion est de l'ordre du mythe. La religion, en promettant au croyant un bonheur futur face aux maux du présent, maintient l'homme dans l'illusion. La religion peut ainsi être assimilée à un mythe que les hommes véhiculent pour donner un sens à leur existence. Bibliographie indicative Sigmund Freud, L'Avenir d'une illusion, P.U.F. [...]
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